Bras de fer sur le budget américain: licenciements de fonctionnaires "importants" en cours

Alors que les Etats-Unis semblent aller tout droit vers une troisième semaine de "shutdown", sans issue visible, le directeur du Budget de la Maison-Blanche (OBM), Russ Vought, a annoncé sur X que les "réductions d'effectifs avaient commencé" pour les fonctionnaires fédéraux.
Ses services ont précisé à l'AFP qu'il s'agissait de renvois "importants", sans donner de chiffres ni d'éléments sur le profil des personnes concernées.
Dans une déclaration transmise à l'AFP, le ministère américain de la Santé a indiqué que certains de ses employés avaient reçu des avis de licenciements.
Toutes les personnes concernées "ont été désignées comme non essentielles au sein de leurs services", selon le texte jugeant bienvenue cette réduction d'effectifs après une période de "bureaucratie hypertrophiée" sous la présidence du démocrate Joe Biden.
Le ministère américain des Finances a simplement indiqué à l'AFP que les notifications de réductions d'effectifs avaient "commencé" en son sein.
C'est également le cas au ministère de l'Education, a signalé une source interne à l'AFP.
La menace de licenciements massifs dans les services fédéraux est brandie par le président américain Donald Trump depuis le début, le 1er octobre, du blocage budgétaire dont la majorité républicaine et l'opposition démocrate se renvoient la faute.
Faute de budget, le "shutdown" a placé des centaines de milliers de fonctionnaires américains en congé d'office, car considérés comme occupant des fonctions non essentielles à la marche quotidienne du pays.
C'est dans ce vivier que l'exécutif américain menaçait d'effectuer des licenciements, affirmant qu'ils seraient imputables au camp démocrate au Congrès, qui refuse de céder sur le budget.
"Escrocs"
Le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, et son homologue à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, ont précédemment balayé les menaces de suppressions d'emplois, les qualifiant de tentative d'intimidation. Ils ont aussi déclaré que des licenciements massifs ne seraient pas recevables devant les tribunaux.
"Un shutdown ne confère pas à Trump ou à Vought de nouveaux pouvoirs spéciaux leur permettant de semer davantage le chaos ou d'affaiblir de manière permanente les services essentiels destinés au peuple américain", a protesté vendredi dans un communiqué la sénatrice démocrate Patty Murray.
"Personne ne devrait se laisser intimider par ces escrocs", a-t-elle aussi cinglé, reprochant à la majorité de ne "pas vouloir s'asseoir" pour négocier avec l'opposition.
Les républicains proposent une prolongation du budget actuel, avec les mêmes niveaux de dépenses, tandis que les démocrates réclament une prolongation de subventions pour des programmes d'assurance santé à destination de ménages à bas revenus.
Le parti de Donald Trump dispose de la majorité aux deux chambres du Congrès, mais en raison des règles du Sénat, 60 voix sur 100 y sont nécessaires pour adopter un budget. En l'état actuel des forces, au moins huit membres de l'opposition devraient se rallier au texte républicain, mais seulement trois l'ont fait jusque-là.
Les responsables de la majorité présidentielle espèrent cependant réussir à en faire céder davantage au fil des jours.
Pendant toute la durée du blocage, l'ensemble des plus de 2,3 millions de fonctionnaires fédéraux ne sont pas payés, de même que les plus de 1,3 million de militaires.
Ces derniers devraient manquer leur première solde mercredi, une échéance qui devrait accentuer la pression populaire sur le Congrès et l'exécutif, au vu de l'importance des forces armées dans la culture des Etats-Unis.