Biden, en quête de popularité, prélève 50 millions de barils de pétrole des réserves du pays

Avant que ses compatriotes ne prennent la route pour la fête très familiale de Thanksgiving, qui tombe jeudi, Joe Biden va mettre en circulation 50 millions de barils prélevés sur les réserves stratégiques de pétrole de la première puissance mondiale. Jamais les Etats-Unis n'avaient autant puisé dans leurs réserves. Un prélèvement qui reste symbolique, puisqu'il ne couvre que trois jours de demande des raffineries américaines.
"Nous lançons une initiative majeure", a dit le président américain dans un discours, sur fond de photographies de station-service et de citernes. L'initiative "ne va pas faire baisser les prix du jour au lendemain" mais elle "fera une différence", a-t-il promis depuis la Maison Blanche.
Joe Biden a également accusé de nouveau les majors pétrolières d'être en partie responsables des hauts prix de l'essence.
"Le prix de l'essence sur le marché de gros a chuté d'environ 10% au cours des dernières années, mais le prix à la pompe n'a pas bougé d'un centime", a-t-il lancé.
"En d'autres termes, les sociétés d'approvisionnement d'essence paient moins et gagnent beaucoup plus", a-t-il déclaré, accusant les entreprises d'"empocher la différence" entre les prix de gros et de détail. "C'est inacceptable", a ajouté le président américain.
Barils enterrés
Habituellement, les Etats-Unis ne touchent qu'avec parcimonie à leurs réserves, actuellement 609 millions de barils, ce qui en fait les plus importantes au monde, enterrées en Louisiane et au Texas, en cas de catastrophes naturelles ou de crises internationales.
Or non seulement Joe Biden y puise pour corriger les prix, mais il dit le faire en coordination avec d'autres gros consommateurs d'or noir, ce qui est inédit.
Pour l'occasion, Washington et Pékin ont mis leur rivalité de côté: les Etats-Unis ont fait savoir que la Chine se joignait à cette initiative, tout comme l'Inde, le Japon, la Corée du Sud ou encore le Royaume-Uni, mais sans guère donner de détails.
La porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki a indiqué que les Etats-Unis avaient eu des "discussions avec ces pays" qui, de leur côté, "ont déjà annoncé" libérer une partie de leurs réserves, ou ont l'intention de le faire.
L'un des ténors du camp républicain, le sénateur Lindsey Graham, a dénoncé par communiqué un "abus" de l'utilisation de ces réserves, destinées selon lui aux "urgences."
Le sujet est politiquement brûlant, particulièrement pour Joe Biden qui a pour principal objectif de faciliter la vie de la classe moyenne, découragée face à la mondialisation et à la pandémie de Covid-19.
Biden toujours impopulaire
Le président veut réveiller le rêve américain de l'aisance matérielle à la portée de tous, pour prouver la supériorité du modèle démocratique sur les dictatures. Et dans les faits, tant bien que mal, Joe Biden déroule son programme.
Il a promulgué un plan monstre de rénovation des infrastructures de 1200 milliards de dollars, et fait avancer la procédure législative pour un pharaonique programme de 1750 milliards de dollars de dépenses sociales et climatiques.
Sur le front de la pandémie, les Etats-Unis ont entrepris de vacciner les enfants et d'administrer des rappels aux adultes.
Mais malgré ces avancées, et un marché de l'emploi qui progresse, Joe Biden est impopulaire. Selon le site FiveThirtyEight, qui agrège des sondages, sa cote de popularité était inférieure à 43% mardi.
L'inflation, qui atteint des sommets, y est sans doute pour quelque chose. Et en particulier la hausse des prix à la pompe, dans un pays où prendre la voiture est autant une nécessité, faute de transports publics développés, qu'un mode de vie.