+20% en un an: des tonnes de vêtements chinois se déversent sur l'Europe à cause des droits de douane de Trump

Une photo d'illustration prise le 24 avril 2025 montre les logos des applications de shopping chinoises Taobao (2e à droite), AliExpress (à gauche), Shein (à droite) et Temu, une plateforme de vente en ligne, sur un écran de smartphone à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne. - Kirill KUDRYAVTSEV / AFP
Raz de marée sur l'Europe. Les importations européennes de vêtements et de textiles chinois ont augmenté de 20% en valeur et en volume au premier semestre 2025 par rapport à l'année dernière, selon les données d'Euratex communiquées au Financial Times.
Les fabricants chinois touchés par de lourds droits de douane américains (30%) réorientent leurs produits vers l'Europe, a indiqué l'association européenne de l'industrie textile. La majeure partie de cette hausse en valeur provient d'une hausse d'environ 2 milliards d'euros des importations de vêtements bon marché.
"Nous parlons de cette guerre tarifaire et nous constatons que la Chine exporte moins vers les États-Unis", a déclaré Mario Jorge Machado, président d'Euratex.
"Les entreprises chinoises, faute de pouvoir vendre aux États-Unis, adoptent une stratégie très agressive pour vendre en Europe."
L'UE tarde à agir
À l'impact des droits de douane américains s'est ajouté l'essor des petits colis chinois vendus par des enseignes en ligne comme Shein et Temu. D'autant que l'Union européenne tarde à légiférer sur le sujet.
La Commission européenne a proposé de supprimer son seuil minimum de 150 euros, en dessous duquel les colis expédiés vers l'UE sont exonérés de droits de douane, et de mettre en place un tarif fixe de 2 euros pour ces colis.
En 2024, ils étaient 4,6 milliards à entrer sur le marché européen, soit plus de 145 chaque seconde, dont 91% en provenance de Chine, via des plateformes telles que Shein, Temu ou Alibaba. Mais cette législation doit encore être adoptée pour être mise en vigueur.
Les acteurs de la fillière s'inquiètent de cette lenteur. En septembre dernier, plusieurs fédérations européennes du textile et de l'habillement ont écrit une lettre à l'Union européenne pour demander "des actions d'urgence" contre la mode ultra-éphémère.
Ils appellaient à endiguer la "hausse sans précédent des déchets textiles" et "la pression intenable sur les entreprises européennes".
Les États-Unis répondent plus vite
D'autant que les Etats-unis ont déjà agit sur ce point, en supprimant l'exonération de droits de douane pour les petits colis (d'une valeur inférieure à 800 dollars). De plus, les importateurs peuvent désormais soit payer les droits de douane en vigueur, soit payer un tarif forfaitaire de 80 à 200 dollars.
"Pour le même colis, nous comparons 2 € à 80 $", a déclaré Machado, qualifiant la démarche de l'UE de "ridicule". "Les responsables politiques européens ne défendent plus l'industrie européenne depuis de nombreuses années… nous assistons à la destruction de notre industrie", a-t-il ajouté, la Chine et les États-Unis agissant dans leur propre intérêt industriel.