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La crise plombe le TGV et oblige la SNCF à se réinventer

La grève à la SNCF a coûté 790 millions d'euros

La grève à la SNCF a coûté 790 millions d'euros - Christophe SIMON / AFP

La SNCF, dont les lignes à grande vitesse sont désertées, doit se réinventer pour reconquérir ses voyageurs, alors que l'aide de l'Etat va presque exclusivement à la rénovation du réseau.

La SNCF est mise sous pression par la crise sanitaire. La compagnie ferroviaire estime ainsi la perte de recettes due à l'épidémie du Covid-19 à 5 milliards d'euros. C'est surtout le TGV qui pose problème. Contrairement aux autres types de trains (Intercités, TER et Transilien), il n'est pas subventionné et sa fréquentation s'est effondrée avec la pandémie, bien au-dessous du seuil de rentabilité. La SNCF s'attend à une année 2021 très difficile.

Au plus dur du premier confinement, seuls 6 à 7% des TGV circulaient, avec 1% des passagers. Après un été plutôt satisfaisant, l'automne a été décevant et le reconfinement a conduit la SNCF à annuler 70% de ses trains. Elle ne transporte actuellement que 10% des voyageurs habituels.

"Je l'ai dit à plusieurs reprises, l'Etat sera à côté de la SNCF", a récemment assuré le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.

Un plan de relance ciblé sur le réseau

De fait, le gouvernement a débloqué 4,7 milliards d'euros pour le secteur ferroviaire dans le plan de relance, dont 4,05 milliards vont permettre de recapitaliser le groupe public (le reste allant notamment aux petites lignes, au fret et aux trains de nuit).

Ces 4,05 milliards sont destinés au réseau, avec en particulier 2,3 milliards permettant de poursuivre les travaux prévus. 1,5 milliard sera affecté à des dépenses qui n'avaient pas encore été financées, comme la sortie du glyphosate, et 250 millions permettront à SNCF Réseau de reprendre certaines petites lignes dans son réseau structurant, selon une lettre envoyée à la mi-novembre par plusieurs ministres au patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou.

Des prix plus accessibles

"Ce financement de 4,7 milliards d'euros sera complété dans une moindre mesure par une partie du produit des cessions des filiales les moins stratégiques pour le groupe SNCF", écrivent aussi les ministres.

SNCF Voyageurs, la filiale qui fait circuler les trains, et en particulier les TGV, n'est pas directement aidée par l'Etat. Il n'y a pas de compensation des pertes d'exploitation.

"Nous devons nous réinventer pour retrouver nos voyageurs", avance son PDG Christophe Fanichet. Il va notamment lui falloir reconquérir la clientèle affaires qui déserte les trains avec la restriction des déplacements et l'essor des visioconférences. Et fidéliser la clientèle loisirs qui avait commencé à revenir cet été.

De son côté, Jean-Pierre Farandou a promis "une tarification plus lisible, plus simple et plus accessible".

"En sortie de crise, tout le monde va avoir des problèmes de pouvoir d'achat. Nous voulons retrouver des voyageurs en nombre et nous devons leur offrir des prix accessibles", a-t-il expliqué au Figaro.

Toujours tenue de respecter ses objectifs d'équilibre financier d'ici 2024 et encouragée par le gouvernement à céder des actifs, la SNCF a commencé par mettre en vente le loueur de wagons Ermewa. Mais il n'est pas question pour autant de dépecer le groupe public, indique-t-on à la direction.

Celle-ci a défini son périmètre stratégique: le "coeur ferroviaire" français, les activités voyageurs et fret en Europe, le logisticien Geodis et l'opérateur de transports publics Keolis.

P.D. avec AFP