Eurostar a besoin d'une aide publique d'ici avril, avertit le patron de la SNCF

Eurostar is currently running just one service a day between Paris and London, a far cry from the time before Covid-19 - JASPER JACOBS © 2019 AFP
La situation de la compagnie transmanche Eurostar sera "très difficile fin mai-début juin", a prévenu le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, qui juge nécessaire un soutien de la France et du Royaume-Uni d'ici avril.
"Nous nous approchons du moment où Eurostar va avoir de réels problèmes de trésorerie", a expliqué Jean-Pierre Farandou dans un entretien au Financial Times mercredi.
"D'ici le mois prochain, il nous faut terminer ces discussions" pour obtenir des prêts des deux gouvernements, a-t-il ajouté. "Nous espérons que cela va être une affaire de semaines (et pas de mois) parce que la situation sera vraiment très difficile fin mai-début juin", a relevé le patron de la SNCF, actionnaire à 55% d'Eurostar.
"La catastrophe est possible", avait sobrement déclaré à l'AFP en janvier le directeur général d'Eurostar, Jacques Damas.
Les actionnaires ont remis 210 millions d'euros au pot
Les actionnaires de la compagnie transmanche --outre la SNCF, Eurostar est détenu à 40% par le consortium Patina Rail, composé pour 30% de la Caisse de dépôt et placement du Québec et 10% du fonds britannique Hermes Infrastructure, et à 5% par la SNCB belge-- ont déjà apporté 210 millions d'euros.
Eurostar, qui a perdu 95% de ses passagers depuis un an, a parallèlement tout fait pour réduire ses coûts et a emprunté 450 millions d'euros, selon M. Damas.
La compagnie souffre d'être perçue au Royaume-Uni comme une entreprise publique française, tandis qu'elle est considérée en France comme une compagnie britannique puisqu'elle est basée à Londres. De ce fait, elle n'a pas eu droit à des aides directes ou à des prêts garantis par les Etats.
Eurostar voudrait bénéficier de prêts garantis ainsi que d'une réduction temporaire sur les péages acquittés pour faire circuler ses trains.