BFM Business
Transports

Vente d'ITA Airways à Air France-KLM et Delta: les doutes se multiplient sur le rapprochement

placeholder video
Ce mardi, le gouvernement italien a mis fin aux négociations exclusives sans donner d'explications, ni de détails sur la suite du processus.

Le nouveau ministre italien de l'Economie Giancarlo Giorgetti a annoncé lundi sa décision de ne pas renouveler la période d'exclusivité pour les négociations avec le fonds d'investissement américain Certares, Air France-KLM et Delta sur la vente d'ITA Airways, née des cendres d'Alitalia.

"Les obligations d'exclusivité accordées le 31 août à Certares, Air France-KLM et Delta pour la vente d'ITA cessent aujourd'hui", indique le ministère dans un communiqué.

Si cette date butoir était connue, c'est la suite du communiqué du ministère qui inquiète les parties prenantes. "Les discussions se poursuivaient" en vue d'un "possible accord sur une cession" peut-on lire. Rien n'est dit sur l'offre du consortium, ni sur la suite du processus.

Air France-KLM dans l'expectative

De quoi plonger Air France-KLM dans l'expectative. La compagnie dit prendre "acte de la fin de la période d’exclusivité. Le groupe examine ses options en ce qui concerne le marché italien du transport aérien et attend de plus amples informations de la part de l’État italien".

Pourquoi ces doutes? Certains observateurs mettent en avant la victoire aux dernières élections législatives du parti d'extrême-droite Frères d’Italie dont la dirigeante Giorgia Meloni devenue présidente du Conseil a plusieurs fois exprimé son opposition à cette privatisation.

Juste avant le scrutin, elle avait d'ailleurs prévenu que "tout peut changer et la relance de notre compagnie aérienne nationale" sera de la responsabilité "de celui qui gouvernera". Elle avait également mis en garde Mario Draghi (son prédécesseur) contre une prise de décision "hâtive" sur la vente de la compagnie publique.

Le modèle proposé par Certares ne fait pas non plus l'unanimité. Le consortium est prêt à débourser 350 millions d'euros pour acquérir une part de 50% plus une action dans ITA et investir ultérieurement 600 millions d'euros, selon la presse italienne. Mais Air France n'investirait pas directement dans le capital de la compagnie aérienne italienne, se contentant pour le moment d'être partenaire commercial. Un poids insuffisant pour les opposants à cette proposition.

Le retour de Lufthansa et MSC?

Air France-KLM a en effet les mains liées par les conditions demandées par la Commission européenne en contrepartie de l'aide publique reçue pour surmonter la crise du Covid-19, l'empêchant de prendre une participation de plus de 10% dans une entreprise du secteur.

De quoi remettre Lufthansa et son partenaire MSC en selle? Non seulement la compagnie allemande n'est pas liée par cette contrainte mais en plus, avec MSC, elle avait proposé fin août de débourser 850 millions d'euros pour 80% d'ITA.

Le groupe franco-néerlandais avait déjà eu des visées sur Alitalia dans le passé. En 2009, il avait acquis une part de 25% dans la compagnie italienne avant de s'en dégager progressivement à partir de 2013.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business