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L'offre soutenue par Air France préférée à celle de Lufthansa pour le rachat d'ITA (ex-Alitalia)

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Le fonds Certares associé à Air France et Delta a été retenu par le ministère de l'Economie italien pour prendre le contrôle de 56% de la compagnie aérienne italienne.

Le ministère de l'Economie italien a annoncé mercredi avoir retenu l'offre du fonds d'investissement américain Certares, associé à Air France-KLM et Delta Air Lines, pour le rachat de la compagnie publique ITA Airways en vue de l'ouverture de négociations exclusives.

Cette annonce surprise constitue un revers pour l'armateur italo-suisse MSC et son allié allemand Lufthansa, qui étaient considérés jusqu'ici comme favoris dans la course au rachat du successeur d'Alitalia.

L'offre retenue "a été jugée la plus conforme aux objectifs fixés" par l'Etat, qui détient 100% de la compagnie, indique le ministère dans un communiqué, sans dévoiler le montant de la proposition.

"A l'issue des négociations exclusives, des accords contraignants ne seront signés que si leur contenu est pleinement satisfaisant pour l'actionnaire public", souligne le ministère.

Selon le quotidien Il Messaggero, le fonds Certares, spécialisé dans le tourisme, a proposé le rachat de près de 56% d'ITA pour environ 600 millions d'euros. L'Etat italien conserverait ainsi une part de 44% et disposerait de deux sièges sur les cinq que comptera le futur conseil d'administration de la compagnie.

Air France-KLM limité à 10% de participation

MSC et Lufthansa avaient proposé fin août de débourser 850 millions d'euros pour 80% d'ITA, une offre revue à la baisse par rapport à une précédente de 1,3 à 1,4 milliard d'euros faite en janvier, en raison de la détérioration du marché aérien attendue après l'été.

MSC et Lufthansa visaient des parts de respectivement 60% et 20%, selon une source proche du dossier. Air France-KLM est, au côté de l'américain Delta Air Lines, le partenaire commercial de Certares.

Le groupe franco-néerlandais avait déjà eu des visées sur Alitalia dans le passé. En 2009, il avait acquis une part de 25% dans la compagnie italienne avant de s'en dégager progressivement à partir de 2013.

Contrairement à Lufthansa, Air France-KLM a les mains liées par les conditions demandées par la Commission européenne en contrepartie de l'aide publique reçue pour surmonter la crise du Covid-19, l'empêchant de prendre une participation de plus de 10% dans une entreprise du secteur.

Pas d'entrée dans le capital à ce stade pour Air France-KLM

Ce mercredi, Air France-KLM a d'ailleurs annoncé dans un communiqué qu'il pourrait envisager à moyen terme de prendre une participation minoritaire dans ITA Airways, précisant toutefois qu'à ce stade, le groupe n'investissait pas dans le capital de la compagnie aérienne italienne.

"Air France-KLM se réjouit de l'annonce faite par le gouvernement italien accordant au consortium formé par Certares, Air France-KLM et Delta Air Lines l'exclusivité pour la prochaine phase des négociations en vue de l'acquisition potentielle d'une participation détenue directement par le ministère de l'Economie et des Finances italien dans ITA", a indiqué le groupe dans un communiqué. Si l'opération était conclue, la groupe deviendrait un partenaire commercial et opérationnel d'ITA.

L'annonce de l'ouverture de négociations exclusives survient malgré la mise en garde lancée début août par Giorgia Meloni, présidente du parti d'extrême droite Fratelli Italia, qui avait sommé le Premier ministre sortant Mario Draghi de ne pas hâter une décision.

A partir des élections législatives prévues le 25 septembre, "tout peut changer et la relance de notre compagnie aérienne nationale" sera de la responsabilité "de celui qui gouvernera", avait prévenu Mme Meloni, qui vise le poste de chef du gouvernement italien.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco