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TGV M: un lancement début 2026 plutôt que fin 2025

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Il ne s'agit pas d'un nouveau retard mais les premières circulations du nouveau fleuron de SNCF Voyageurs arriveront en toute fin de l'échéance communiquée par l'opérateur.

Il va falloir encore être un peu patient pour voyager dans le tout nouveau TGV M. D'abord attendues fin 2023, début 2024, puis pour le second semestre de cette année, puis pour cet hiver, les premières circulations du nouveau fleuron de SNCF Voyageurs arriveront finalement début 2026.

"Les premières circulations commerciales sont prévues début 2026, soit neuf ans après les avoir commandées. Le rythme de livraison serait de 12 rames par an à partir de 2026 avec un objectif de 15 rames en 2027/2028 puis 18 rames en 2028", détaille le syndicat Sud-Rail dans un tract daté du 1er février.

Interrogée, SNCF Voyageurs n'y voit pas un nouveau retard. Il y a encore quelques jours, elle indiquait en effet attendre les premiers exemplaires du TGV M "fin 2025, début 2026", soit la toute fin de l'échéance communiquée par l'opérateur.

Le TGV M présenté à l'usine Alstom de Belfort, lundi 29 avril 2024
Le TGV M présenté à l'usine Alstom de Belfort, lundi 29 avril 2024 © FREDERICK FLORIN © 2019 AFP

Mais compte-tenu de ses besoins en capacités, au vu de l'engouement pour le train, l'opérateur caressait l'espoir de voir circuler les premières rames sur l'axe Sud-Est pour cet hiver pendant les congés de Noël.

"On manque cruellement de trains. On est à la peine avec les rames existantes", se désole régulièrement Christophe Fanichet, patron de SNCF Voyageurs.

Mener au bout les tests sur un million de kilomètres

La direction de SNCF Voyageurs souligne à Sud-Rail que les problèmes techniques observés (notamment le greffon batterie électrique et des vibrations en cabine) ont été réglés. Sud-Rail affirme au contraire qu'"au vu des retours que nous avons, tout ne semble malheureusement pas résolu", évoquant "des usures prématurées des tables de roulement".

L'objectif pour Alstom et pour le transporteur est de mener au bout les tests de fiabilisation sur un million de kilomètres avant leur exploitation commerciale, notamment avec des rames aménagées pour compléter les tests. Il faut croire que ces tests durent un peu plus de temps que prévu.

Interrogé, Alstom indique que le calendrier n'a pas évolué, insistant sur l'importance des tests mais aussi sur le poids administratif des dossiers européens de certification.

Cet objectif du million de kilomètres a toujours été mis en avant par l'opérateur et l'industriel pour éviter toute déconvenue au démarrage. Et éviter un fiasco comme celui observé avec les nouveaux trains à grande vitesse de Talgo en Espagne qui multiplient les pannes depuis leur lancement, provoquant un joli scandale politique.

"Les essais se poursuivent et permettront d’affiner le calendrier précis", complète un porte-parole de SNCF Voyageurs.

Il ne faut pas non plus oublier que ce TGV M est un projet partant de zéro. "On est parti d’une feuille blanche", rappelle Jean-Baptiste Eymeoud, ex-président d’Alstom France. "Il y a donc des aléas de production, c’est normal pour un projet de ce type, tout comme les difficultés de certains fournisseurs de pièces, le contexte géopolitique et la crise du covid".

115 rames commandées

Rappelons que SNCF Voyageurs a commandé et finance intégralement 115 rames TGV M pour 3,5 milliards d'euros. Quinze de ces rames seront dédiées au marché italien.

Ce nouveau train est crucial pour l'opérateur, car il est plus capacitaire et plus modulable que les rames Inoui en circulation. Une rame de TGV M comprend 9 voitures, soit une de plus que dans les rames habituelles et une centaine de places supplémentaires (740 sièges).

Avec une réduction de 30% des frais de maintenance et la possibilité de rouler 540.000 kilomètres par an contre 450.000 kilomètres pour les Inoui, la rentabilité espérée par la SNCF est considérable.

Surtout, il sera possible d’ajuster le nombre de voitures par rame et transformer librement les espaces intérieurs. Une voiture en 1re classe pourra donc être aménagée en 2de ou bien des sièges pourront être enlevés pour y installer des zones pour vélos ou bagages.

En tout cas, malgré ce calendrier élastique, SNCF Voyageurs confirme qu'il "ira au-delà des 115 rames" commandées, preuve de son absolue confiance en ce nouveau TGV.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business