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TGV: la SNCF va tester un "train" autonome piloté à distance pour vérifier les voies

Le système MARS LGV de SNCF Réseau

Le système MARS LGV de SNCF Réseau - SNCF Réseau

Traditionnellement, ce sont des TGV à vide qui effectuent cette mission au petit matin. Les premiers tests sont prévus en 2028.

On reparle du train autonome à la SNCF mais pour une mission bien précise. SNCF Réseau, qui a en charge la gestion et la maintenance du réseau ferroviaire, souhaite utiliser un "train" autonome pour la vérification des voies à grande vitesse.

Traditionnellement, ce sont des TGV à vide qui effectuent cette mission au petit matin avant la circulation des premiers trains. "Une opération essentielle mais qui présente certains inconvénients: ces marches de reconnaissance doivent être réalisées avant le début des circulations à vitesse maximale sur LGV. Ces opérations ont un coût non négligeable en termes financier et énergétique", explique le gestionnaire.

Capteurs embarqués

Ces TGV seraient donc remplacés par le système MARS LGV pour "Mobiles Autonomes de Reconnaissance en Sécurité". Comme le montre la vidéo ci-dessous, MARS est un véhicule autonome ressemblant à un train, embarquant une série de capteurs (caméras, radar, Lidar…) et pilotable à distance par un opérateur.

"Ces mobiles effectueront une analyse fine et instantanée du réseau ferré national, grâce à une série de capteurs embarqués. Alimentés par des batteries de nouvelle génération, ils parcourront l'ensemble du réseau et transmettront instantanément les informations nécessaires aux équipes de supervision", explique SNCF Réseau.

"Ils seront capables de détecter les obstacles sur les voies, les anomalies dans l’environnement des LGV et d’identifier rapidement les zones nécessitant une intervention."

Le gestionnaire met en avant les bénéfices d'une telle solution: "une consommation énergétique divisée par 20 et une conception 'verte' du mobile avec une solution bas-carbone, l’intégration de technologies innovantes (qui) pourrait ouvrir la voie à d’autres domaines de l’exploitation ferroviaire et une augmentation du niveau de sécurité ferroviaire et des coûts de réalisation de la reconnaissance divisés par trois".

Par ailleurs, cela libérerait des conducteurs et du matériel pour le service commercial alors que SNCF Voyageurs souffre d'un parc de TGV sous dimensionné face à la demande, tandis que les nouveaux TGV M se font toujours attendre. Les rames qui effectuent la surveillance des voies effectuent environ 20 circulations par jour.

Le projet commence juste son développement. La fabrication du prototype est programmée pour 2027, les essais et tests pour 2028-2029 et la validation mi-2029 pour une exploitation en 2030.

Dans le fret aussi

Faire rouler des trains sans conducteur n'est plus de la science-fiction dans le ferroviaire. En 2022, Alstom, qui travaille sur la question depuis de nombreuses années, a "fait la démonstration du plus haut niveau d'automatisation sur une locomotive de manœuvre (qui est utilisée pour composer les rames de fret avant leur départ, NDLR) près de Breda, aux Pays-Bas". Une première mondiale.

Pour parvenir à ce résultat, l'entreprise a développé un système intelligent de détection et de reconnaissance des obstacles qui s'interface avec le système d'exploitation automatique des trains d'Alstom, permettant ainsi au train de réagir de manière autonome à divers obstacles.

Côté transports de passagers, l'objectif de l'automatisation est de faire circuler plus de trains régionaux sur les lignes avec des vitesses optimisées et accessoirement faire baisser les coûts d'exploitation.

Un TER autonome

Outre-Rhin, Alstom travaille avec la région de Basse-Saxe et diverses institutions comme le Centre allemand pour l'aéronautique et l'astronautique et l’Université technique de Berlin pour développer un train de ce type.

De son côté, la SNCF, associée avec Alstom, Bosch, Spirops, Thales et l’Institut de recherche technologique Railenium, a fait circuler une rame TER prototype d'essai autonome en 2021 sur la voie située entre Aulnoye et Busigny et entre Busigny et Calais.

Ces tests se sont poursuivis pendant plusieurs années et devraient s'achever en 2026, l'objectif étant d'avoir un train capable d'accélérer et de freiner seul en fonction de son horaire, en fonction des feux rencontrés. 

Évidemment, la SNCF souligne qu'un conducteur sera toujours à bord mais on peut imaginer des manoeuvres réalisées automatiquement, notamment entre le dépôt et la gare.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business