TER Marseille-Toulon-Nice: les trains neufs attendus ne seront pas tous livrés

Déjà un premier couac pour Transdev qui a remporté l'appel d'offre lors de l'ouverture à la concurrence réalisée par la région Provence-Alpes-Côte d'Azur pour la ligne de TER Marseille-Toulon-Nice.
Rappelons qu'il s'agit de la ligne régionale qui connaît le plus de difficultés en France avec un taux de ponctualité de 84,7%, le plus faible de tous les réseaux TER. C'est la première fois qu'un concurrent de SNCF Voyageurs va opérer, et ce à partir du 29 juin prochain.
Autant dire qu'il est attendu au tournant car cette ligne est très fréquentée, encore plus l'été.
Transdev a promis de doubler le nombre d'allers-retours quotidiens sur la ligne et un taux de régularité de 97% notamment grâce à 16 rames neuves Omneo Premium (commandées à Alstom pour 250 millions d'euros) à deux niveaux qui devaient être toutes opérationnelles dès le début du contrat.


Mais comme nous l'indiquions en septembre dernier, cet objectif risque d'être difficile à atteindre puisque Transdev n'aura pas tous ses trains neufs, selon nos informations.
A date, il en obtiendra 7 au moment du début de l'exploitation, soit moins de la moitié de ce qui était prévu.
Alstom, comme ses concurrents CAF ou Talgo, subissent d'importants goulots d'étranglement à cause de carnets de commandes très remplis et de perturbations dans la chaîne d'approvisionnement. L'industriel français cumule ainsi les retards dans différents contrats: le nouveau TGV M de la SNCF, les RER B parisiens... et donc pour ces rames Omneo Premium.
Interrogé par BFM Business, Alstom reconnaît ces difficultés.
"Alstom subit les conséquences de plusieurs crises sans précédent (Covid-19, crise des composants électroniques notamment) qui ont eu un impact majeur sur ses activités de développement et de production".
Des pénalités possibles pour Alstom
"Dans ce contexte, la projection de livraison des rames Omneo Premium pour la région Sud a été revue à 7 rames pour fin juin 2025. Ceci n’est qu’une projection (établie à 10 mois de l’échéance critique pour le lancement de l’exploitation commerciale) et nous travaillons sans relâche pour augmenter le nombre de rames qui seront réellement livrées fin juin 2025".
L'industriel ajoute que ses équipes "restent entièrement mobilisées auprès de leurs clients, Transdev Rail Sud Inter-Métropoles et la Région Sud".
Interrogé, Transdev explique de son côté "qu'il fera tout son possible pour délivrer le service attendu en juin prochain" quitte à utiliser des solutions matérielles alternatives. La filiale à 66% de la Caisse des dépôts et du groupe allemand Rethmann ne souhaite pas commenter le retard d'Alstom.
"Les retards de livraison de ces matériels, qui pourraient être liés à des difficultés rencontrées par les constructeurs, ne sauraient être acceptés. La Région exige le respect strict des engagements contractuels et mettra tout en œuvre pour garantir la mise en place du nouveau plan de transport dans les délais impartis. Des pénalités pourront être appliquées allant de 10.000 à 100.000 euros par jour, selon le pourcentage de réalisation du contrat signé", annonce de son côté la Région ce mercredi.
TER: des commandes fragmentées des régions qui accentuent les retards
Face aux retards de livraison de trains neufs, François Durovray, le nouveau ministre des Transports, souhaite créer "un comité de liaison" entre l'État et les régions "pour traiter des questions d'acquisition de matériel, de la question de la billettique", et "parler de tout un tas de sujets qui nécessitent une coordination".
Actuellement, les régions s'occupent de l'achat des TER, mais les acteurs du secteur appellent à plus d'harmonisation pour lisser les commandes dans le temps afin d'éviter l'engorgement des carnets de commande des industriels et donc les retards de livraison.