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SNCF, Keolis, Systra: ces entreprises françaises qui vont élaborer le premier TGV au Canada

La ville de Montréal, ici photographiée en 2021. Photo d'illustration

La ville de Montréal, ici photographiée en 2021. Photo d'illustration - Daniel Slim

Le gouvernement canadien a officialisé "Alto", ce projet historique de train à grande vitesse entre Québec et Toronto qui seront reliées en trois heures. Le consortium Cadence composé de plusieurs entreprises françaises a été sélectionné pour la première étape dont le coût est évalué à 3,8 milliards de dollars.

"Le plus grand projet d'infrastructure de l'histoire du Canada". Justin Trudeau, le premier ministre du pays, a annoncé le lancement du projet "Alto", qui prévoit la construction d'une ligne de trains à grande vitesse qui reliera Québec à Toronto.

Cela fait maintenant plusieurs années que le Canada planche sur ce projet entre ces villes, pour ne plus utiliser la ligne traditionnelle existante où les trains de marchandises ont la priorité, entraînant de multiples retards pour les passagers.

Longtemps s'est posée la question de la pertinence d'un train à grande vitesse malgré un coût plus important et un temps de déploiement plus long qu'une ligne classique (train à grande fréquence). Poussée par les élus du Québec, c'est donc bien l'option TGV qui a été choisie.

Quel tracé?

La ligne de 1.000 kilomètres sera exclusivement réservée aux trains à grande vitesse avec des arrêts à Trois-Rivières, Montréal, Laval, Ottawa et Peterborough.

Le futur TGV Alto reliera Québec et Toronto en trois heures à 300km/h maximum, alors qu'il faut compter plus de cinq heures à bord des trains actuels. Le trajet Montréal-Québec sera réduit à 1h30 au lieu de 3h25.

"Ça va couper les temps de déplacement par trains de moitié et nous serons ainsi comme nos partenaires du G7 qui ont tous une forme de transport ferroviaire à haute vitesse", a souligné la ministre des Transports, Anita Anand, citée par Radio Canada.

Montant de l'investissement: jusqu'à 80 milliards de dollars canadiens (53 milliards d'euros) qui comprend la construction de la ligne dédiée (4 à 5 ans de travaux).

Les entreprises françaises en force

Fortes de leur expérience dans les trains à grande vitesse, de nombreuses entreprises françaises ont soumis leurs candidatures pour l'élaboration de la ligne.

C'est le consortium Cadence qui a été sélectionné par le gouvernement fédéral. Il est composé de trois entreprises françaises et de trois entreprises canadiennes:

  • SNCF Voyageurs,
  • Keolis,
  • Systra (ingénierie et conseil dans les transports publics),
  • et des canadiens CDPQ Infra, AtkinsRéalis et Air Canada.

Cadence a été choisi en tant que "partenaire promoteur du secteur privé" ayant pour mission l'élaboration de la ligne: conception, construction du projet, financement, calendrier, exploitation et entretien.

Cette première phase qui devrait durer cinq ans bénéficie d'un budget de 3,9 milliards de dollars.

"Cette reconnaissance témoigne de notre expertise et de notre engagement à offrir des services ferroviaires à haute vitesse pour l'ensemble de la population canadienne. Nous avons hâte de concevoir une nouvelle expérience de transport qui répondra aux besoins des voyageurs en matière de mobilité durable et efficace", se félicite Alain Krakovitch, directeur, TGV-Intercités chez SNCF Voyageurs.

"Principal partenaire d'exploitation et d'entretien au sein du consortium Cadence, Keolis mettra à profit son expertise en conception de services de transport et en expérience client de façon à assurer la performance et l'efficacité du futur réseau", commente Marie-Ange Debon, présidente du Directoire du Groupe Keolis.

"Nous sommes ravis de pouvoir contribuer à cette vision et à cette initiative pour le Canada, qui transformera la façon dont les gens se déplacent au pays", ajoute Jean-Charles Vollery, président du Directoire de Systra.

Alstom en embuscade

Puis viendra le temps de la fabrication des rames à grande vitesse. Alstom devrait faire partie du second round d'appels d'offres consacré au choix du matériel roulant, aux côtés d'autres fabricants de trains à grande vitesse comme l'allemand Siemens ou l'espagnol Talgo.

En tout cas, grâce à sa forte présence en Amérique du Nord, l'industriel a pesé de tout son poids pour faire pencher (avec succès) la balance du côté du TGV.

"Nous ne pourrions pas recommander un meilleur choix pour l’économie, pour l’environnement, pour les Canadiens", se félicite d'ailleurs l'industriel.

D'autant plus que depuis le rachat de son concurrent canadien Bombardier, la Caisse des dépôts et de placement du Québec est devenu son premier actionnaire avec 17,5%.

Autant dire que l'industriel français estime être en position de force pour remporter un contrat qui s'annonce juteux. Alstom mettra certainement en avant sa plateforme de TGV Avelia Horizon qui est la base du futur TGV M de la SNCF.

Quel calendrier

Si la première phase est évaluée à cinq ans, le gouvernement de Justin Trudeau n'a pas fourni d'échéance précise pour mener à bien le projet. Ce sera d'ailleurs une des missions de Cadence.

Pour le reste, les responsables estiment qu'il est encore trop tôt pour présenter un échéancier. Il faut dire qu'en plus de la conception détaillée du projet, Cadence devra consulter les peuples autochtones, acheter des terrains, évaluer l’impact sur l’environnement avant de pouvoir amorcer des travaux de construction.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business