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Qui va remporter le mégaprojet canadien de TGV entre Québec et Toronto?

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Après des années de réflexion, le gouvernement fédéral devrait officialiser dans les prochaines semaine ce projet de ligne à grande vitesse afin de relier les deux villes en trois heures et surtout qui aura en charge sa construction. De nombreuses entreprises françaises sont sur les rangs.

Cela fait maintenant plusieurs années que le Canada planche sur le projet d'une ligne ferroviaire dédiée seulement aux passagers entre Toronto, Montréal et Québec.

Objectif: déployer un train à grande fréquence (TGF) entre ces villes, pour ne plus utiliser la ligne traditionnelle existante où les trains de marchandises ont la priorité, entraînant de multiples retards. Des appels d'offres ont été lancés, tant pour un TGV que pour un train classique.

Longtemps s'est posée la question de la pertinence d'un train à grande vitesse roulant au maximum à 300 km/h, malgré un coût plus important et un temps de déploiement plus long qu'une ligne classique (où les trains plafonneraient à 200 km/h).

Poussée par les élus du Québec, il semble que l'option TGV ait bien été retenue. Avec un train circulant jusqu'à 300km/h, Toronto serait à trois heures de la belle province contre cinq actuellement.

Un gain de temps de deux heures

Selon Radio Canada, le gouvernement de Justin Trudeau "annoncera dans les prochaines semaines" ce projet de TGV qui constituera donc une première dans le pays. Le gouvernement n'a pas confirmé cette information, se contentant d'indiquer avoir "un plan ambitieux et transformateur pour l’avenir du Canada".

Pour autant, tout porte à croire que le choix est acté. Le 16 octobre, Anita Anand, ministre des Transports du Canada, indiquait à l'occasion du Forum économique international des Amériques viser "un train à haute fréquence et à haute vitesse".

Montant de l'investissement: jusqu'à 80 milliards de dollars canadiens (53 milliards d'euros) qui comprend la construction de la ligne dédiée (4 à 5 ans de travaux).

À quand une baisse de prix des TGV grâce à la concurrence?
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L'officialisation du projet se fera en même temps que le choix des consortiums industriels candidats pour codévelopper et cofinancer la ligne à grande vitesse. Comme dans la plupart de ces grands projets, les industriels font leurs propositions en amont, ce qui permet un démarrage rapide des travaux une fois le choix fait.

La SNCF, Systra, Keolis sur les rangs

Fortes de leur expérience dans les trains à grande vitesse, de nombreuses entreprises françaises font partie des consortiums qui ont soumis leurs candidatures pour la construction de la ligne. On trouve ainsi Systra, Keolis, SNCF Voyageurs, RATP Dev, Meridiam. D'autres entreprises européennes sont sur les rangs comme Renfe Operadora ou encore la Deutsche Bahn.

Quant au géant Alstom, il devrait faire partie du second round consacré au choix du matériel roulant, aux côtés d'autres fabricants de trains à grande vitesse comme l'allemand Siemens ou l'espagnol Talgo.

En tout cas, grâce à sa forte présence en Amérique du Nord, l'industriel a pesé de tout son poids pour faire pencher la balance du côté du TGV. D'autant plus que depuis le rachat de son concurrent canadien Bombardier, la Caisse des dépôts et de placement du Québec est devenu son premier actionnaire avec 17,5%.

"Tant qu’à mettre des sommes comme celles-là, autant que ce soit dans un investissement le plus rentable possible et qui amène l’impact à la fois économique et sociétal le plus élevé", expliquait l'an passé au Journal de Montréal, Michael Keroullé, président d’Alstom pour les Amériques.

Un projet "pour 150 ans"

Pour l'industriel, qui dit TGV, dit plus de passagers transportés, plus de report modal malgré un coût d'acquisition bien évidemment plus élevé.

"On le voit dans tous les pays qui ont fait ce choix: avec la vitesse, on déplace le mode de transport beaucoup plus que ce qui était initialement envisagé", poursuit le dirigeant.

Un argument repris par Pierre Barrieau, chargé de cours à l'Université de Montréal en planification des transports, interrogé par Radio Canada: "On construit un projet comme ça pour 150 ans. Le Canada méritait mieux qu’un train à grande fréquence".

Pour lui, un train à grande fréquence, sans la grande vitesse, n'offrirait pas une transformation de la mobilité tandis que le nombre de voyageurs aurait été trop faible.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business