Sept heures de retard pour un train Caen-Paris: comment la SNCF lutte contre la prolifération des sangliers

Vraie nuit de galère pour les passagers d'un train Caen-Paris dimanche 24 novembre au soir, arrivés avec plus de sept heures de retard dans la capitale.
Leur train Nomad a d'abord subi les conséquences de la tempête Bert avec des branches tombées sur la voie. Mais c'est surtout un choc avec des sangliers qui a définitivement bloqué la rame, les passagers ont dû passer la nuit dans un autre train qui lui-même a été bloqué, et ne sont arrivés à Paris que ce lundi matin.
Sur le réseau normand, les sangliers (mais aussi les chevreuils) deviennent un vrai problème pour la SNCF, car leur population est en constante augmentation.
"Ce phénomène augmente d’autant le risque de collisions avec des incidences sur la sécurité des installations ferroviaires et la régularité des trains", explique SNCF Réseau qui a en charge l'entretien et la maintenance des voies et des infrastructures.
Des dégâts souvent importants
Car lorsqu’un train heurte un sanglier ou un autre animal, le trafic est interrompu dans le secteur concerné. Le conducteur s’arrête pour inspecter l’état du train. Si le train a subi des dégâts mineurs, l’animal est retiré des voies et le train peut repartir en toute sécurité.
"Mais si le train est trop endommagé, des équipes spécialisées interviennent. En effet, l’impact peut détériorer des éléments essentiels à la sécurité situés à l’avant du train, comme le système de freinage. Ces vérifications et réparations prennent du temps: soit le train est en retard, soit les voyageurs sont invités à changer de train pour terminer leur trajet", explique la SNCF.
Comment expliquer la hausse de ces incidents? "En cause, notamment, l’augmentation des surfaces de végétation dense, des températures plus clémentes en hiver et des fructifications forestières qui créent les conditions d’une reproduction rapide des populations de sangliers", poursuit SNCF Réseau.
Ainsi, en 2023, les incidents liés à la faune sauvage représentaient en Normandie 15% des retards, soit 27.000 minutes perdues l'an passé.
Face à ce phénomène, SNCF Réseau explique mener des expérimentations comme dans la forêt de Beaumont-le-Roger avec la pose d’échappatoires à sangliers sur un secteur clôturé qui "a permis de réduire significativement le nombre de heurts dans ce secteur".
Effarouchement acoustique
Le gestionnaire dit également étudier les comportements et la dynamique des populations, notamment avec les associations de chasse afin "d’adapter la gestion des populations sur les secteurs les plus problématiques". Des battues chirurgicales, centrées sur des zones à risques, sont organisées. 7.000 sangliers ont ainsi été prélevés en Loire-Atlantique en 2022-2023.
La SNCF a également lancé un programme de tests grandeur nature portant sur l’effarouchement acoustique. L’objectif? Parvenir à créer un son alertant les animaux et les poussant à s’éloigner des voies, "un bruit biomimétique qui synthétise tous les bruits d’alerte des grands mammifères, les effraie sans les prostrer et déclenche leur fuite à coup sûr", précise la chef de projet Claire Chaufour.
Si les tests sont concluants, l’emploi du son serait ensuite industrialisé. "Selon le niveau de présence des animaux et le contexte local, et notamment la présence de riverains, il pourra alors être diffusé depuis le train ou depuis un émetteur installé sur les voies", conclut Claire Chaufour.
D'autres mesures sont prises sur le matériel roulant. "Le cahier des charges des motrices de trains a été modifié pour avoir des pièces en plusieurs parties permettant d’être analysées et démontées rapidement par le conducteur. Les pièces avant sont renforcées afin de limiter l’impact d’un choc et faciliter la réparation et la remise en service aussi rapidement que possible", explique la compagnie.
"Intercités a par exemple équipé les locomotives BB26000 de pare-chocs pour protéger les systèmes de freinage situés sur l’avant des locomotives", poursuit-elle. Mais en Normandie, ce ne sont plus des rames Intercités qui circulent mais des trains Omneo du constructeur Alstom.