Remplacer les voitures de fonction par des "TGV de fonction": la SNCF avance sur le projet, les entreprises seront-elles partantes?

Entre 3 et 4% du parc automobile français est aujourd'hui constitué de voitures de fonction, soit 1,5 million de véhicules. Ce chiffre est à nouveau mis en avant par Alain Krakovitch, directeur de TGV/Intercités chez SNCF Voyageurs pour reparler de son idée de "TGV de fonction".
Le principe? Proposer "une extension du cadre fiscal et social de la voiture de fonction au train et donc au crédit mobilité, en instaurant un avantage en nature spécifique pour la longue distance en train", explique le responsable.
Lors d'une conférence organisée par Mobilians, le responsable estime que "la voiture de fonction est une anomalie écologique et une injustice sociale. Anomalie écologique car en défiscalisant cet avantage en nature, le public finance un système polluant, à l’heure ou la décarbonation est essentielle. Injustice sociale car les véhicules de fonction sont statutaires, et donc très souvent réservés aux cadres dirigeants".
"Donner le choix"
"Nous ne souhaitons pas supprimer les voitures de fonction, mais simplement donner le choix aux salariés, d’autant que beaucoup ne souhaitent pas de voiture, même électriques, habitent en villes, ou n’ont pas le permis", poursuit-il.
Et de dessiner les grandes lignes de son fonctionnement: "il pourrait s’appuyer sur deux mesures, cumulables au sein d’une même entreprise: le renoncement du salarié à sa voiture de fonction, au profit d’un budget train. Et la conservation partielle du salarié de sa voiture de fonction (pour ses trajets quotidiens avec un véhicule électrique de petit gabarit), complété par un budget train pour les longues distances".
"Les entreprises pourraient aussi choisir de répartir de manière beaucoup plus équitable cet avantage en nature parmi ses salariés. Car ce qui est possible avec un crédit que l’on dimensionne comme on veut, ne l’est pas avec une voiture que l’on peut difficilement couper et répartir…", ajoute Alain Krakovitch qui souligne que cette "mesure écologique et sociale ne coûte rien à l’État ni aux entreprises".
Il faut légiférer
Cette idée n'est pas nouvelle et est portée depuis plusieurs années. Si des discussions ont eu lieu avec de nombreuses grandes entreprises comme Hermès, EDF, Métro ou encore le Medef et l'association des DRH, le dossier n'a pas vraiment avancé depuis 2022.
Car il faut légiférer sur les questions de défiscalisation. Un amendement a été déposé par le député PS Gérard Leseul mais n'a pas encore été examiné par l'Assemblée nationale. Il pourrait être intégré au projet de loi de finances 2026.
Reste que le momentum est peut-être le bon. Avec une sensibilité de plus en plus forte aux questions climatiques, notamment chez les jeunes cadres, l'idée pourrait trouver plus d'écho aujourd'hui.
"Les jeunes recrutés y seront sensibles, je pense. Plus généralement, les discussions avec ses grands comptes montrent que les cadres n'ont pas forcément le permis, trouvent la voiture de fonction peu pratique ou ne sont pas toujours à l'aise" avec l'idée d'avoir un véhicule professionnel, même hybride ou électrique, expliquait Alain Krakovitch en 2022.