Railcoop: encore du retard à cause de problèmes de financement

La concurrence dans le ferroviaire a toujours autant de mal à émerger en France. Railcoop qui entend notamment faire revivre la ligne Bordeaux-Lyon accumule les retards, faute de financement.
Au départ, l'exploitation de cette ligne devait démarrer en juin 2022, mais Railcoop avait annoncé un premier report de six mois, à décembre 2022. Le directeur général, Nicolas Debaisieux, avait expliqué à l'époque que SNCF Réseau n'avait pas pu lui assurer les sillons (créneaux de circulation) nécessaires.
En mars dernier, le nouvel opérateur évoquait "des barrières persistantes". "Deux raisons ont mené à cette décision. D’une part, la finalisation du tour de table financier demeure conditionnée à l’engagement ferme et définitif des banques, des investisseurs institutionnels et des acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). D’autre part, la disponibilité du matériel roulant ferroviaire dépend de la capacité des industriels à rénover les rames d’occasion disponibles dans un délai raisonnable".

Bon espoir
Aujourd'hui, la situation n'a toujours pas évolué: la coopérative attends toujours les fonds nécessaires pour financer la rénovation de huit rames rachetées d'occasion à SNCF Voyageurs et à la région Auvergne Rhône-Alpes. De quoi encore reporter la mise en service de la ligne.
"Aujourd’hui, la poursuite de l’acquisition des rames est cautionnée au bouclage du tour de table financier", a expliqué la directrice générale déléguée Alexandra Debaisieux, lors d’un point de presse à Clermont-Ferrand. Des banques "nous ont donné des accords de principe, mais il faut qu’on arrive à finaliser tout ça", la responsable dit avoir "bon espoir que les choses atterrissent rapidement".
Mais l'opérateur ne donne plus de date de lancement. "L’enjeu, c’est de démarrer au plus vite le service", se contente de déclarer le directeur général Nicolas Debaisieux
Railcoop est une coopérative d’intérêt collectif (SCIC) née en 2019. Elle s'inscrit complètement dans la volonté de développer l'usage du train, notamment sur de petites lignes, pour accélérer la transition écologique en incitant les habitants des zones concernées à abandonner leurs voitures.
Projet bien avancé
Malgré un projet bien avancé: 7 millions d'euros levés en fonds propres auprès de 12.000 sociétaires personnes physiques, de 200 entreprises et associations ainsi que d'une trentaine de collectivités locales, feu vert de l'Autorité de régulation des transports, obtention de la licence d’opérateur ferroviaire et du certificat de sécurité, Railcoop n'a bénéficié d'aucune subvention publique. Elle fait pourtant déjà rouler des trains de fret entre Viviez-Decazeville (Aveyron) et Saint-Jory (Haute-Garonne).
"Railcoop constate aujourd’hui que les acteurs bancaires et financiers peinent à s'engager, y compris les acteurs qui revendiquent de soutenir l'émergence de nouveaux modèles économiques et le développement des territoires ruraux, face à un marché prometteur, mais naissant" se désole l'entreprise.
Rappelons que la compagnie basée à Figeac (Lot) compte faire rouler deux allers-retours par jour entre Bordeaux, Périgueux, Limoges, Montluçon, Roanne et Lyon, en 7 heures 30 environ, ressuscitant une liaison transversale abandonnée par la SNCF en 2014.