Qui est ATM, ce géant italien à la fibre sociale qui s'attaque aux bus de la RATP?

Si le monopole de la SNCF est (un peu) secoué par l'ouverture à la concurrence, celui de la RATP dans les transports publics franciliens est également en train de s'effriter. Dans le cadre de nombreux appels d'offres, le métro du Grand Paris Express et les bus parisiens et franciliens s'ouvrent à de nouveaux acteurs.
Plusieurs lots de lignes de bus viennent d'être attribués par Ile-de-France Mobilités (IDFM) et un opérateur assez peu connu des Français a remporté une victoire. Il s'agit de l'italien ATM (Azienda Trasporti Milanesi).
Ce dernier est le "candidat pressenti" pour l’exploitation des lignes de bus du territoire Croix du Sud. Ce lot couvre principalement le sud des Hauts-de-Seine et dessert notamment les communes de Châtenay-Malabry, Châtillon, Clamart, Fontenay-aux-Roses, Issy-les-Moulineaux, Le Plessis-Robinson, Malakoff, Meudon et Vanves.
Au total, 18 lignes de bus, dont 5 lignes Noctilien, et un centre opérationnel bus (Fontenay) sont concernés. Les mises en service seront échelonnées sur 18 mois, entre l’été 2025 et fin 2026.
Première victoire
C'est une première victoire pour cette entreprise publique italienne fondée en 1931 qui cherche à pénétrer le marché français depuis plusieurs années.
ATM est un géant des transports urbains. L'entreprise gère et exploite les bus et les métros de Milan, et est présente à Copenhague, au Danemark, et à Thessalonique, en Grèce. Il emploie 11.000 personnes.
"Nous exploitons tous les modes de transports et nous maîtrisons toutes les technologies de la mobilité", expliquait l'an passé Arrigo Giana, directeur général d'ATM.
En effet, ATM a une belle expertise dans le métro automatique, notamment à Milan (deux lignes), à Copenhague (quatre lignes) mais aussi dans les bus.
Approche sociale
Dans la ville lombarde, il exploite pas moins de 160 lignes qui sont en pleine électrification. "Nous avons toutes les compétences nécessaires, technologiques, opérationnelles et sociales", souligne Arrigo Giana.
Le groupe propose également des services de maintenance, de stationnement, de vélos en libre service ou encore des lignes touristiques.
L'opérateur met en avant son approche sociale. "Le secteur fait face à une pénurie de conducteurs, on expérimente et on propose de nouvelles méthodes pour être attrayant".
"On propose des incitations financières pour nous rejoindre, une fondation pour les familles, les retraités. On essaye de préserver la vie personnelle des salariés, les conditions de travail éloignant les jeunes de ce métier", poursuit-il.
Il faut dire que les critères sociaux des appels d'offres sont élevés. Île-de-France Mobilités offre des garanties pour les personnels des opérateurs sortants, avec la limitation des changements de lieu de travail et le maintien des conditions de travail et des conditions sociales actuelles quel que soit l’opérateur retenu.
Au Danemark, ATM propose ainsi des emplois du temps flexibles et un système qui permet de choisir les tranches horaires travaillées et avec qui. Du jamais vu dans ce secteur. "C'est très compliqué à mettre en place mais ça fonctionne", explique le dirigeant.
En ligne de mire, les bus parisiens
"On sait faire", ajoute-t-il car "en Italie, sur les questions sociales on est assez proches de la France, on est familiers de ce type de demandes".
ATM n'entend pas en rester là. Face à l'acteur historique et quasi-monopolistique qu'est la RATP, ou à d'autres candidats comme Keolis (filiale de la SNCF) ou Transdev (qui vient de remporter deux lots de bus), l'Italien estime avoir sa carte à jouer.
Il s'est porté candidat pour gérer et exploiter la ligne automatique 18 du métro du Grand Paris Express mais c'est Keolis qui a remporté l’appel d’offre (tout comme les lignes 16 et 17).
Par ailleurs, ATM n'exclut pas de participer au très symbolique et juteux appel d'offres pour les bus parisiens intramuros. "Nous sommes prêts à relever le défi et transformer le transport urbain francilien. C'est le projet le plus important au monde en termes d'appels d'offres et c'est le projet de ma vie", ajoute Guiseppe Proto, le directeur d'ATM France.