"On n'en peut plus": coincés à Madère à cause des incendies, ces touristes français sont à bout

Les incendies perturbent les vols à l’aéroport de Madère. Certains passagers y dorment depuis cinq jours. Mais alors que certaines compagnies réussissent à faire partir des avions, Ryanair ou EasyJet ne semblent proposer que peu de solutions aux voyageurs.

Fin de vacances cauchemardesques pour des centaines de touristes coincés à l'aéroport de Madère au Portugal, forcés de dormir à même le sol, à cause de violents incendies et de vents violents sur l'archipel. Ces conditions ont en effet provoqué l'annulation de nombreux vols.

Des milliers de personnes seraient bloqués. Mais certains vacanciers sont plus pénalisés que d'autres, notamment les clients de Ryanair ou d'EasyJet. Margot, une touriste française bloquée avec sa famille raconte son calvaire.

"Cela fait cinq jours que l'on est bloqué ici sans avoir d'information de notre compagnie, un seul guichet pour 200 personnes: on n'en peut plus", explique cette dernière au micro de BFMTV ce mardi.

"On ne sait plus quoi faire et le seul vol retour proposé par la compagnie sera début septembre, car tous les autres vols sont complets", poursuit Margot.

Et de préciser que "plus d'une centaine" de touristes sont dans le même cas qu'elle. "On a réussi à obtenir une chambre d'hôtels pour une à deux nuits, je suis avec ma grand-mère de 82 ans, mais on a passé nos premières nuits sur des banquettes à même le sol sans pouvoir se nourrir convenablement. Tous les hôtels sont complets" à l'aéroport, se désole la jeune femme.

Jérôme, arrivé à Madère le 6 août a lui vu son vol du 18 août annulé. "Ryanair a annulé à cause des vents". Le dimanche "il y avait des lits partout dans l'aéroport, jusque dans les toilettes". Selon le vacancier, "entre 200 et 300 personnes sont encore bloquées."

En attendant un nouveau départ d'avion, c'est la débrouille. "On a rappelé notre loueur de voitures et on a dormi dans la voiture la première nuit. (...) Là on a trouvé l'option d'un particulier qui louait un van pour passer les derniers jours". Jérôme déplore l'explosion de son budget vacances, notamment pour l'hébergement et l'achat de futurs billets, sans dédommagement perçu à ce jour.

"Aucun dialogue" avec les autorités et des informations contradictoires

Et de dénoncer qu'il n'y ait "aucun dialogue" avec les autorités sur place et des informations contradictoires de la part la compagnie low cost. "Ryanair France nous dit que si on prend un vol d'une autre compagnie, on sera remboursé, mais ici on nous dit le contraire", explique Margot. "Chez Ryanair, on nous dit, débrouillez-vous", complète Jérôme. Pas d'aide probante non plus du côté du consulat.

Même situation pour Sévan Bertaud, mère de trois enfants bloqués à Madère. "On a eu une annulation de vol samedi 19 et on a pu avoir des billets pour le 26 août avec une autre compagnie aérienne. Car entre temps, tous les vols sont complets. Il a fallu nous reloger, mais n'avons eu aucune aide d'EasyJet, la compagnie initiale", explique-t-elle à BFMTV.

"On nous a dit de nous débrouiller, ça a été dit comme ça, on s'est retrouvés dans la rue. On a pu réserver des logements en faisant passer toutes nos économies. EasyJet ne prend en charge que trois nuits d'hôtel alors que nous passons neuf nuits avant de pouvoir entrer", ajoute la mère de famille.

Selon le compte X (ex-Twitter) spécialisé dans l'aérien air plus news, les perturbations durent depuis 24 heures, avec "plusieurs milliers de voyageurs" bloqués.

Manque de pilotes qualifiés pour atterrir à Madère?

Cerise sur le gâteau pour ces passagères, d'autres compagnies décollent et atterrissent normalement depuis l'île, une situation qui semble plus complexes pour les deux compagnies low cost.

Outre le fait que des vols soient complets, certaines compagnies souffriraient-elles d'un manque de pilotes qualifiés pour se poser à Madère, un aéroport un peu complexe d'approche?

Selon Gérard Feldzer, consultant transports pour BFMTV, "à cause des vents de travers, Madère est considéré comme un aérodrome difficile. Il faut donc avoir des pilotes disponibles qui ont la qualification pour cet aéroport donc c'est un peu compliqué pour les compagnies aériennes et encore plus pour les passagers".

Le spécialiste précise néanmoins que la "technique" de pilotage comme "arriver en crabe et décraber au dernier moment", permet d'atterrir sur ce type de piste balayée par les vents "mais ça demande un entraînement particulier".

Outre le manquement de sa compagnie aérienne, Margot s'étonne du manque de réaction des autorités françaises qu'elle a contactées. D'autant plus que selon elle, le gouvernement italien a affrété un avion pour "venir récupérer ses ressortissants". "On n'a aucune visibilité sur ce qu'on va devenir", résume cette Française.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business