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Montrer ses empreintes digitales pour aller travailler: les contrôleurs aériens pointeront bientôt par biométrie à la prise de poste

Les grèves des contrôleurs aériens français auraient coûté 12 milliards d'euros aux compagnies européennes depuis 2010.

Les grèves des contrôleurs aériens français auraient coûté 12 milliards d'euros aux compagnies européennes depuis 2010. - Jonathan - Flickr - CC

Le décret autorisant la mise en place d'un système de vérification des présences par biométrie a été publié ce dimanche. Un contrôle mis en place en raison des enjeux de sécurité du contrôle aérien.

Les contrôleurs aériens devront bientôt pointer par biométrie lors de leur prise de poste, une exigence de "sécurité", a plaidé dimanche le ministre des Transports, après un "incident grave" fin 2022 qui avait montré une organisation du travail défaillante.

Un décret "autorisant la création d'un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé 'SPS, système de vérification de la présence sur site' des contrôleurs aériens, a été publié aujourd'hui" dimanche au Journal officiel, a annoncé le ministère des Transports dans un communiqué.

Les contrôleurs devront pointer avec leur doigt et leur badge au début et à la fin de chaque vacation. Des badgeuses seront présentes au sein de chaque salle et de chaque tour de contrôle.

L'instauration d'un tel dispositif faisait partie des recommandations du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA), à la suite d'un "incident grave" en décembre 2022 à l'aéroport de Bordeaux.

Un système d'absence opaque

Deux avions avaient failli entrer en collision, et le BEA en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail des contrôleurs.

Dès 2010, la Cour des comptes avait déjà, dans un rapport, jugé "inacceptable" le système d'autorisations d'absences opaque dans le contrôle aérien. Avec ce système officieux, les chefs d'équipe autorisaient, lors de périodes de faible trafic, une partie des personnels à ne pas se présenter au travail, sans être ni en repos ni en formation.

"J'ai souhaité mener à terme cette réforme essentielle. L'installation de la pointeuse biométrique répond à une exigence de renforcement de la sécurité, dans le respect des recommandations formulées par les autorités compétentes", a affirmé le ministre des Transports, Philippe Tabarot, cité dans un communiqué.

La Cnil donne son accord

Son ministère a souligné que la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) avait validé le principe de recours à la biométrie, "considérant qu'il est légitime et proportionné aux enjeux de sécurité du contrôle aérien".

"Le système, qui va pouvoir désormais être mis en oeuvre, sera opérationnel dans les principaux centres d'ici à la fin de l'année", a complété le ministère.

La publication du décret intervient à 11 jours d'un appel à la grève du principal syndicat d'aiguilleurs du ciel, le SNCTA, qui réclame un rattrapage salarial de l'inflation et une évolution de la gouvernance de la profession. Le SNCTA a néanmoins souligné début septembre que le rejet de l'instauration de badgeuses biométriques ne faisait pas partie de ses revendications.

Début juillet, à l'orée des vacances scolaires, le trafic aérien européen avait été perturbé par une grève lancée par le deuxième syndicat français de la profession, l'Unsa-Icna. Parmi ses griefs figuraient la "surveillance généralisée qui s'installe", dont la mise en place des badgeuses.

MC avec AFP