Les passages à niveau: 2e cause de mortalité sur le réseau ferroviaire

Accident entre un train et un camion à Nangis, 21 avril 2015 - Matthieu Alexandre - AFP
L'accident survenu mardi à Nangis, en Seine-et-Marne, entre un train et un poids lourd, a relancé la polémique sur les passages à niveau, dont la sécurité est remise en question depuis quelques années après plusieurs accidents. Car si depuis 10 ans le nombre de morts et blessés graves aux passages à niveau a diminué de moitié, ces équipements restent la deuxième cause de mortalité sur le réseau ferroviaire, derrière les suicides, pudiquement appelés "accidents de personne".
25 morts aux passages à niveau en 2014
Les chiffres sont éloquents: en 2014, 100 collisions ont eu lieu entre des trains et des véhicules, sur les 15.000 passages à niveau français. Ces accidents ont fait 25 morts et 17 blessés graves en 2014 dans l'Hexagone, selon SNCF Réseau (ex-Réseau ferré de France).
En 2014 toujours, 5 personnes sont décédées en traversant les voies sur les passages pour piétons aménagés. La vitesse d'approche d'un train est capable d'aspirer une personne debout à moins d'un mètre cinquante des voies. Un train met près de six secondes à parcourir 200 mètres, et les passages à niveau les plus exposés, dits "préoccupants", sont ceux situés sur les axes à forte circulation. Leur nombre est passé de 450 en 1997 à 155 en 2014. En 2015, une quinzaine de passages à niveau "préoccupants" vont être démolis.
Le coût de suppression d'un passage à niveau est d'environ 5 millions d'euros, selon SNCF Réseau, qui indique investir chaque année entre 40 et 45 millions d'euros dans ce programme.
Des détecteurs testés dès 2016
En 2013 en Europe, 279 personnes sont décédées dans les accidents de passages à niveaux, tandis que les intrusions de personnes sur les voies, notamment les suicides, ont causé 643 décès, selon des données de l'Union internationale des chemins de fer (UIC), qui souligne que "la plupart de ces accidents ont été occasionnés par des intrus et des usagers franchissant un passage à niveau".
En France, la SNCF expérimente en laboratoire des détecteurs de présence sur les passages à niveau, permettant au train de s'arrêter dès qu'un véhicule est stoppé sur les rails, et non plus lorsqu'il est visible par le conducteur. Ils doivent être testés à partir de 2016. La détection d'un obstacle entraîne l'allumage de signaux lumineux le long de la voie, et pour certaines lignes, un freinage automatique du train jusqu'à une vitesse de 15 kilomètres/heure.
La SNCF a récemment porté plainte contre des cyclistes du Paris-Roubaix, qui ne s'étaient pas arrêtés lors de la fermeture d'une barrière à un passage à niveau, juste avant l'arrivée d'un TGV. L'amende encourue pour une telle infraction est de 135 euros.