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La Renfe jette l'éponge sur les trains low-cost entre Madrid et Barcelone et laisse le champ libre à la SNCF

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La compagnie ferroviaire nationale ibérique n'entend plus jouer la carte des prix cassés sur cette liaison et préfère désormais y opérer des trains à grande vitesse classiques.

En Espagne, le low cost ferroviaire est-il une mauvaise affaire? Alors que la concurrence fait rage dans le pays, la Renfe, la compagnie nationale, annonce qu'elle cesse d'exploiter son offre à grande vitesse et à bas prix "Avlo" sur la très stratégique ligne Madrid-Barcelone. La décision est effective depuis ce lundi. De quoi laisser le champ libre aux trains Iryo de Trenitalia et surtout aux Ouigo de SNCF Espagne. L'annonce aurait d'ailleurs grandement surpris au sein de la compagnie française: c'est comme si elle décidait de stopper les TGV Ouigo entre Paris et Lyon...

La Renfe précise que son service low cost sera remplacé par des trains à grande vitesse classiques AVE, "avec les mêmes fréquences, les mêmes horaires et des prix compétitifs" mais sans donner plus de détails. L'offre Avlo permettait de trouver des billets "à partir" de 7 euros. L'opérateur a justifié cette décision par le retrait des cinq rames à grande vitesse toutes neuves S106 fournis par Talgo qui ont connu des problèmes techniques, et par la conviction que le service AVE "est mieux adapté aux caractéristiques du voyage et au profil des voyageurs d'affaires, qui empruntent fréquemment ce corridor" car il offre un confort accru.

La question de la rentabilité

La rentabilité d'une telle offre peut donc poser question. La guerre des prix initiée par Ouigo de la SNCF laisse des traces. D'ailleurs, la SNCF perd de l'argent en Espagne depuis son lancement en 2021 malgré un trafic en hausse (mais vise l'équilibre financier pour cette année). Pourtant, la ligne Madrid-Barcelone est très fréquentée avec 8,2 millions de passagers en 2024. De quoi inciter la Renfe à programmer 12.240 sièges supplémentaires dans ses trains AVE et Longue Distance à destination et en provenance de la Catalogne. En visant les "voyageurs d'affaires", la Renfe pourra hisser le prix de ses billets et sortir d'une guerre des prix meurtrière.

En attendant, Trenitalia et la SNCF peuvent se frotter les mains. Avec un concurrent en moins sur le low cost, les deux compagnies peuvent espérer des gains en rentabilité. Interrogée, la SNCF ne souhaite pas commenter cette annonce. Rappelons que la SNCF dispose déjà d'une part de marché de 20% dans le pays grâce à une politique tarifaire très agressive. Cette politique fait d'ailleurs grincer les dents du ministre espagnol des Transports qui parle de pratiques "déloyales".

"Notre politique tarifaire fonctionne et est un élément structurant de notre offre. Elle ne changera pas", disait Hélène Valenzuela, directrice générale de Ouigo Espagne.

La filiale espère enfin gagner de l'argent cette année dans le pays après quatre années d'exploitation dans le rouge notamment grâce au lancement des liaisons avec l'Andalousie et désormais grâce au forfait d'Avlo.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business