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Jusqu'à 8h30 de trajet: Trenitalia va lancer des lignes de train à grande vitesse entre l'Italie et l'Allemagne

La Frecciarossa, l'équivalent italien du TGV de la SNCF,

La Frecciarossa, l'équivalent italien du TGV de la SNCF, - Trenitalia

L'opérateur ferroviaire italien a un grand dessein: relier l'Italie aux principales villes européennes par train et initier un grand réseau européen interconnecté.

L'engouement actuel pour le train fait sauter les frontières du temps. Il y a encore quelques années, aucun opérateur ferroviaire ne se serait risqué à relancer les trains de nuit ou encore des liaisons longues distances supérieures à sept heures de trajet.

Aujourd'hui, l'Europe reprend le goût des trains de nuit, la SNCF a lancé un Paris-Berlin de jour en TGV (8 heures de trajet tout de même) et Trenitalia se voit en pièce centrale d'un futur réseau européen interconnecté.

Le groupe italien a ainsi annoncé le lancement d'ici 2026 d'une ligne de train à grande vitesse de Rome à Munich, en passant par l'Autriche.

Depuis Rome, il faudra huit heures et demie pour rejoindre Munich, en passant par Innsbruck, en Autriche, a promis Trenitalia. La Frecciarossa, l'équivalent du TGV de la SNCF, passera également par Florence et Bologne.

Objectif stratégique

L'achèvement du tunnel de base du Brenner entre l'Autriche et l'Italie, prévu aux dernières nouvelles pour 2032, pourrait encore réduire le temps de trajet d'une heure, espère Trenitalia. L'excavation du tunnel côté italien a été achevée fin mai.

Une deuxième ligne sera également créée permettant de relier Milan à Munich en six heures et demie.

Dans un second temps, d'ici 2028, ces lignes, en partenariat avec les opérateurs allemand Deutsche Bahn (DB) et autrichien ÖBB, seront étendues à Berlin et Naples.

"Relier l'Italie aux principales villes européennes par train est l'un des objectifs stratégiques du groupe FS", a déclaré Gianpiero Strisciuglio, directeur général de Trenitalia, cité dans un communiqué.

"La Frecciarossa" a "l'ambition de devenir le train des Européens et pas seulement des Italiens", a-t-il ajouté.

Au Financial Times, Stefano Donnarumma, directeur de FS (la maison mère de Trenitalia) plaide pour un "projet commun" afin d'offrir des services plus rapides et plus fréquents entre les plus grandes villes du continent.

"Le transport transfrontalier n'a pas été une priorité pour les opérateurs nationaux, car les besoins d'investissement dans son propre pays sont si importants qu'il faut se concentrer uniquement sur ceux-ci", a-t-il déclaré.

Nombreux obstacles mais une réalité dans le passé

"J'ai eu une discussion ouverte avec mes collègues des autres entreprises, et j'ai dit exactement ceci: pourquoi ne pas réfléchir à un projet commun auquel plusieurs entreprises pourraient également participer?", ajoute-t-il.

Alberto Mazzola, directeur exécutif de la CER, l'association professionnelle du secteur ferroviaire, a déclaré que les chemins de fer européens "s'accordent sur leur vision" d'un réseau ferroviaire transfrontalier à grande vitesse reliant les grandes villes, mais qu'il leur manque un "plan d'action unificateur".

Les obstacles sont en effet nombreux: déploiement plus rapide du système paneuropéen de gestion du trafic ferroviaire, une billetterie internationale fluide et une meilleure harmonisation des règles nationales, question du personnel, des dépôts, des écartements de voies parfois différents selon les pays.

Sans oublier les besoins colossaux de financement des pays pour régénérer leurs réseaux nationaux comme en France et en Allemagne.

Le commissaire européen aux Transports, Apostolos Tzitzikostas souligne qu'il y a des "signes clairs que les citoyens choisissent le rail" et s'est engagé à présenter un plan "pour relier pleinement toutes les capitales et grandes villes de l'UE au train à grande vitesse" d'ici l'été.

La Commission travaille actuellement sur une législation qui obligerait les réseaux ferroviaires nationaux à améliorer les lignes ferroviaires transfrontalières et à harmoniser les technologies du matériel roulant.

L'Europe des trains a pourtant été une réalité dans le passé avec l'Orient Express (qui traversait toute l'Europe), le TEE (Trans Europe Express) ou encore les trains Trans Euro Nuit qui dans les années 1980 qui permettaient d'aller de Madrid à Stockholm ou de Paris à Istanbul dans de confortables voitures-lits ou des couchettes.

Olivier Chicheportiche avec AFP