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"Ils veulent aller à un certain affrontement": la grève du 8-Mai à la SNCF est-elle encore évitable?

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Plusieurs catégories de cheminots ont déposé des préavis de grève autour du pont du 8-Mai. Mais les discussions semblent bloquées avec la direction de la SNCF.

Une "semaine noire" dans les trains de la SNCF est-elle encore évitable? Plusieurs catégories de cheminots, dont les conducteurs et les contrôleurs, ont déposé des préavis de grève pour la période du 6 au 10 mai, chevauchant une période de grands départs dans les gares pour le pont du 8-Mai. Quelques jours avant le début du mouvement, les négociations entre la direction de la SNCF et les syndicats concernés – principalement Sud Rail – semblent toutefois bloquées.

Face à Face : Philippe Tabarot - 02/05
Face à Face : Philippe Tabarot - 02/05
19:40

"Nous avons encore tout le weekend pour que les choses puissent avancer", a réagi ce vendredi matin le ministre chargé des Transports, Philippe Tabarot, sur BFMTV-RMC. "J'entends certains dire qu'il n'y a pas eu de négociations" , mais "c'est déjà le cas depuis un certain temps", a affirmé le ministre, évoquant "plus d'une trentaine de réunions de discussions et de négociations". La direction de la SNCF "prendra les bonnes décisions" dans "l'intérêt général", a-t-il poursuivi.

"Pour avoir entendu un certain nombre de responsables syndicaux, et je fais la part des choses [parce que] ce ne sont pas tous les syndicats qui sont mobilisés pour cette grève, […] ils veulent aller à un certain affrontement", a toutefois regretté Philippe Tabarot.

Dans le détail, les agents du matériel seront en grève pour 48 heures à partir du 6 mai, tandis que les conducteurs s'y engageront à partir du 7 mai. Les contrôleurs, eux, ont déposé un préavis du 9 au 11 mai. Concernant les revendications, les conducteurs et les contrôleurs dénoncent d'abord la mise en place d’un nouveau logiciel de planning qui, selon Sud Rail, "modifie sans arrêt" et "sans avis préalable" les semaines de travail des agents. Les contrôleurs réclament par ailleurs une hausse de 100 euros par mois de la prime de travail et la sécurisation de cette prime.

Logiciel de planning

Sur certains sujets, notamment le nouveau logiciel de planning, "je pense que la direction peut avancer et va avancer", a estimé le ministre des Transports. "Par contre qu'on en soit encore à discuter des problèmes de salaires alors qu'on sort des négociations annuelles obligatoires […], ce sont des discussions qui sont impossibles à avoir […] dans un dialogue social apaisé et juste", a-t-il observé, affirmant toutefois que la grève était "toujours évitable".

"Cette grève est encore évitable, il suffirait juste que la direction de l'entreprise ouvre de réelles négociations, très rapidement", a déclaré de son côté Julien Troccaz, secrétaire fédéral Sud Rail, sur BFMTV.

Pour le syndicaliste, il y a eu "seulement des discussions" avec la direction. Or, "pour éviter un conflit, il faut ouvrir des négociations et trouver un accord, ce que la direction de l'entreprise refuse toujours de faire", a-t-il martelé. Faute de quoi, "il y a de grandes chances qu'il y ait de fortes perturbations" sur le réseau ferroviaire la semaine prochaine. "Il suffit juste de répondre à nos revendications […] et les trains rouleront dans quelques jours sans problème", a prévenu Julien Troccaz.

Ce mercredi, le PDG de la SNCF a tenté de débloquer la situation au travers d'une lettre ouverte aux cheminots, qui déroule les mesures mises en place et programmées par l'entreprise, dont des hausses de salaires "supérieures à l'inflation" et un accord sur les cessations anticipées d’activité, et qui revient sur l'épineuse question du nouveau logiciel de planning, promettant que des groupes de travail "vont être réunis" sur le sujet.

Rupture de confiance

Mais Jean-Pierre Farandou a aussi évoqué une possible rupture de confiance avec les usagers et la fragilisation du groupe si ces différentes grèves perturbaient le pont du 8-Mai. "Comment vont réagir nos clients voyageurs, qui font vivre l’entreprise en achetant des billets de train?", s'est-il interrogé, estimant notamment qu'on ne pourrait pas "reprocher [aux] clients voyageurs de choisir, une prochaine fois, une autre solution de transport".

"C'est un conflit salarial comme il en existe dans des milliers d'entreprises aujourd'hui en France", a voulu nuancer Axel Persson, secrétaire général du syndicat CGT Cheminots de Trappes et Rambouillet, sur le plateau de BFMTV. "Il n'y a aucune grande entreprise industrielle en France qui n'a pas connu une grève presque tous les ans", a donné le syndicaliste francilien en exemple, mais "particularité"d'une grève au sein de la SNCF est sa "médiatisation".

"C'est une entreprise nationale présente sur tout le territoire, et donc forcément ça a un impact très puissant", selon Axel Persson.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV