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Chantier de l'autoroute A69 Toulouse-Castres: la justice reporte sa décision, les travaux continuent

Des policiers sur le chantier de l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres le 7 juin 2024

Des policiers sur le chantier de l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres le 7 juin 2024 - Ed JONES / AFP

Le tribunal administratif de Toulouse a décidé de repousser l'annulation ou la poursuite des autorisations du chantier de l'A69. Très attendue des mouvements écologistes, cette annonce suscite la colère des opposants. En attendant une décision "dans les prochains mois", les travaux autoroutiers continuent.

Une décision qui aurait été scrutée de près et qui n'a finalement pas eu lieu. La justice administrative devait ce 9 décembre décider d'annuler ou d'autoriser la poursuite des travaux du chantier de l'A69 qui doit rallier Castres à Toulouse, un tracé d'autoroute qui suscite la colère des écologistes depuis des années.

Mais le tribunal administratif a finalement décidé de tenir "une nouvelle audience" dans "les prochains mois". La raison officielle: "des notes en délibéré" qui ont été versées au dossier et qui poussent les juges à "vouloir débattre de la pertinence des arguments" qui y sont exposées.

"Une lutte emblématique des maux de notre époque"

Cette annonce ajoute encore un nouveau rebondissement à un dossier qui n'en finit plus de diviser. Parmi les défenseurs du projet, on compte notamment l'État, le département du Tarn et la région Occitanie.

Dans les tuyaux depuis plus de 20 ans, cette nouvelle route a pour but de désenclaver le sud du Tarn en permettant de gagner 15 minutes en voiture pour un trajet Castres-Toulouse avec un péage payant.

Les travaux de construction avaient été lancés au printemps 2023, en dépit des protestations d’associations environnementales. Des milliers de manifestants s'étaient alors réunis sur le projet de tracé pendant plusieurs week-ends de suite.

"Cette autoroute a tout d'une lutte emblématique qui est un concentré de tous les maux de notre époque", expliquait à l'époque le député insoumis de Haute-Garonne Christophe Bex auprès de BFMTV.com.

Destructions de zones humides, de terres agricoles, des nappes phréatiques, hausse des émissions de gaz à effet de serre... Les militants écologistes, dont ceux des Soulèvements de la terre, un temps dans le viseur de l'ex-ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, avaient pointé les nombreuses dégradations qu'entraînerait ce chantier pour la nature.

Pour la rapporteure publique, pas de "raison impérative" à faire ces travaux

De quoi pousser donc les militants à multiplier les procédures pour arrêter le projet d'autoroute, puis le chantier quand il a commencé. Pas moins de quatre recours contre le projet d'autoroute dont deux demandes d'annulation d'arrêtés préfectoraux ont été déposées.

En novembre dernier lors d'une précédente audience, la rapporteure publique avait expliqué qu'il n'y avait pas "raison impérative d'intérêt public majeur" qui justifiait la construction de cette branche autoroutière.

À l'audience, la rapporteure publique avait également jugé "excessif" d'invoquer une "véritable situation d'enclavement" du sud du Tarn, remettant en question l'un des principaux arguments des partisans de l'autoroute.

"Les gars sont sur le chantier"

Des propos vus comme une réponse indirecte à Pierre-Yves Revol, le patron des laboratoires Pierre Fabre. Principal employeur du sud du Tarn, il avait menacé fin novembre de "remettre en cause le développement local" de l'entreprise en cas d'arrêt du chantier de l'A69 Toulouse-Castres.

Autant d'éléments qui laissaient augurer de l'annulation de la poursuite des travaux ce 9 décembre, jour où le jugement devait être rendu. Il faut dire que les avis de la rapporteure publique sont généralement suivis par les tribunaux administratifs.

Mais avec la justice qui retarde sa décision et en attendant une nouvelle audience "dans les prochains mois" comme le spécifie le tribunal administratif, les travaux peuvent continuer.

"Les gars sont sur le chantier aujourd'hui, ils y seront demain", a expliqué un porte-parole d'Atosca, le constructeur et futur concessionnaire de l'autoroute.

"Le seul objectif de cette décision, c'est de poursuivre les travaux. C'est scandaleux", a fustigé Cécile Argentin, présidente de France Nature Environnement Occitanie Pyrénées, une des organisations opposées à l'A69

Marie-Pierre Bourgeois