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"Ce n'est pas vrai": la SNCF nie toute volonté de brider le développement de son concurrent espagnol Renfe en France

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L'opérateur a menacé d'arrêter ses activités en France, épinglant les barrières à l'entrée. Pour la SNCF, c'est le résultat de mauvais choix techniques.

Le climat n'est pas au beau fixe entre la France et l'Espagne dans le domaine du ferroviaire. Le gouvernement espagnol accuse la SNCF de pratiquer du "dumping" avec Ouigo en cassant les prix tandis que son opérateur national, la Renfe, accuse la France de brider son développement dans l'hexagone.

Le groupe a en effet lancé une "réflexion" sur sa stratégie de développement en France, en raison des "difficultés et des retards successifs rencontrés dans le déploiement de son offre de services à grande vitesse", retards qui génèrent d'importantes pertes.

Cela fait plusieurs mois que l'opérateur espagnol, présent sur le territoire depuis 2023, dénonce ce qu'il présente comme des entraves pour intensifier sa conquête de la grande vitesse en France, notamment sur les axes depuis et vers Paris.

La Renfe, qui a acheté pour cela une trentaine de rames à grande vitesse S106 au constructeur espagnol Talgo, a depuis revu cet objectif. En cause, la non-homologation de ces rames (certificat de sécurité), suscitant des accusations d'entraves.

"Fausse image"

Dans le quotidien espagnol La Vanguardia, Alain Krakovitch, directeur de TGV/Intercités réfute une nouvelle fois ces accusations et pointe les choix techniques de la Renfe.

"Les problèmes rencontrés par Renfe sont liés au choix de certains composants techniques lors de la validation de l'opérabilité des trains sur les voies menant à la capitale française", explique-t-il.

Et de dénoncer la "fausse image" selon laquelle le réseau à grande vitesse français serait fermé à la concurrence.

"Ce n'est pas vrai. S'il y avait un chemin semé d'embûches, je ne pense pas que nous verrions autant d'opérateurs soumettre des projets pour venir en France", poursuit Alain Krakovitch.

Le responsable rappelle avec malice que Ouigo a mis quatre ans à obtenir l'autorisation des autorités espagnoles pour circuler entre Madrid et Séville. "Même en Espagne, avec un réseau plus récent, il nous a fallu plusieurs années pour homologuer nos produits".

Au point mort

Surtout, selon nos confrères de Ville, Rail et Transports, Talgo a coupé tout contact avec l'EPSF l'établissement public de sécurité ferroviaire qui délivre les AMEC (autorisation de mise en exploitation commerciale) depuis des mois.

"Je n'ai reçu aucune demande pour procéder à de nouveaux essais depuis environ un an, nous avions des contacts très fréquents avec les équipes de Talgo avant 2024, mais depuis, plus rien", indique Lionel Arnold, porte-parole.

De quoi mieux comprendre ce retard. Conséquence, les tests techniques n'étant pas terminés, la procédure administrative d'autorisation est suspendue. Reste que l'EPSF souligne être disponible pour reprendre ces tests.

Ces problèmes d'homologation pourraient avoir des répercussions sur la compagnie française Le Train qui souhaite lancer une liaison régionale à grande vitesse et à haute fréquence entre les métropoles du Grand Ouest.

L'opérateur a en effet opté pour les mêmes Talgo S106...

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business