Bus: Keolis brise le monopole de la RATP en petite couronne parisienne

Le monopole historique de la RATP dans les bus s'effrite. Dans le cadre de l'ouverture à la concurrence engagée par la région Île-de-France depuis 2021, la régie autonome vient de perdre l'exploitation de dizaines de lignes en petite couronne parisienne.
C'est son concurrent Keolis (une filiale de la SNCF) qui remporte l'appel d'offre pour exploiter pendant huit ans 42 lignes de bus du territoire Marne et Brie, et ce, à partir d'août prochain.
Ce lot couvre les départements de la Seine-Seine-Denis, du Val-de-Marne et de la Seine-et-Marne, et notamment les communes de Chelles, Pontault-Combault, ou encore Emerainville, avec des lignes allant jusqu’au Raincy, Noisy-le-Grand ou Ozoir-la-Ferrière, soit pas moins de 1.215 points d’arrêts sur 33 communes du territoire.
Île-de-France Mobilités, l'autorité organisatrice, rappelle que "parmi les lignes de bus, certaines sont structurantes, avec un niveau d’offre et de fréquentation très élevée. Environ 600.000 habitants sont desservis par ces lignes de bus".
Un marché à 900 millions d'euros sur 8 ans
"En tant que nouvel opérateur des lignes de bus de Marne et Brie comptant 350 véhicules, Keolis s’engage à améliorer la qualité de service et l’expérience voyageur pour renforcer l’attractivité du réseau, notamment par une amélioration de la régularité et de l’information voyageurs", peut-on lire dans un communiqué.
"Par ailleurs, afin de proposer une offre de mobilité toujours plus durable et pour répondre aux objectifs de transition énergétique fixés par Île-de-France Mobilités, Keolis va conduire dès le démarrage du contrat les travaux de conversion énergétique de 4 Centres Opérationnels Bus du territoire, pour permettre d’exploiter des véhicules électriques et GNV", poursuit le groupe.
Keolis précise que ce contrat représente une valeur cumulée (sur huit ans donc) de 900 millions d’euros.
Le marché des bus intramuros mis en jeu l'an prochain
Une nouvelle entité dédiée accueillera 1.100 collaborateurs, dont 900 conductrices et conducteurs essentiellement issus (sur la base du volontariat) de la RATP. Ce qui génère une forte inquiétude et des grèves malgré la conservation de leurs avantages sociaux. Les transferts devront néanmoins être nombreux, le secteur étant confronté à une réelle pénurie de conducteurs.
Rappelons que Keolis a déjà remporté la gestion de la gare Saint-Denis Pleyel et l’exploitation des futures lignes 16, 17 et 18 du Grand Paris Express.
La RATP ne repart bredouille de cette nouvelle étape de l'ouverture à la concurrence puisque la régie conserve l'exploitation des 19 lignes de bus du territoire Boucles Nord de Seine (17 communes dont Asnières-sur-Seine, Levallois-Perret, Neuilly-sur-Seine) et des 29 lignes du territoire Bords de Marne (29 communes dont Montreuil, Bagnolet, Bobigny, Créteil).
Mais le gros du morceau, le plus symbolique, sera l'attribution des lots intramuros qui aura lieu d'ici l'été prochain. La bataille risque d'être acharnée pour l'exploitation des bus parisiens entre la RATP, Keolis, Transdev et des nouveaux venus comme l'italien ATM.
Si la RATP perd la compétition, c'est une page importante de l'histoire des transports publics parisiens qui se tournera.