Bus et cars: la filière mobilisée pour recruter en masse des conducteurs et surtout les fidéliser
La situation reste tendue du côté des conducteurs de bus et de cars urbains et des spécialistes de la maintenance en France. Démissions et absentéisme continuent à plomber les opérateurs, ce qui a pour conséquence des fréquences moins nombreuses que les objectifs contractuels et donc une qualité de service en baisse.
Le problème est loin d'être nouveau et on connaît les raisons de ces difficultés: salaires jugés peu attractifs, horaires compliqués... Et les grandes entreprises de transport comme la RATP, Transdev ou encore Keolis ont toutes multiplié des opérations de communication pour faire connaître le métier, recruter et surtout fidéliser.
Mais aujourd'hui, de nombreuses difficultés persistent localement. "Nous avons doublé le nombre de nos recrutements l'an passé par rapport à 2021" souligne pour BFM Business, Marie-Ange Debon, présidente du directoire de Keolis, une filiale de la SNCF présente dans de nombreux réseaux de bus français et également à l'étranger.
Points noirs
"Mais ces recrutements doivent être observés à l'aune de la pyramide des âges, des départs (avec le fort débauchage du secteur de la logistique) et de l'absentéisme. Regarder les chiffres du recrutement ne suffit pas" poursuit-elle.
Ainsi, si "la tension s'est réduite avec une normalisation, il y a encore des points noirs" dans certaines collectivités, reconnaît la dirigeante qui préfère ne pas donner de chiffres précis. Une situation que l'on retrouve chez d'autres opérateurs comme la RATP en Ile-de-France.
La question n'est pas tant de recruter mais de fidéliser les conducteurs. "C'est un vrai problème" admet Marie-Ange Debon qui met en avant les efforts de Keolis pour s'adapter à cette nouvelle donne.
"On travaille beaucoup sur l'organisation du travail car c'est l'attente forte des nouveaux publics que l'on vise comme les jeunes ou les femmes. On a mis en place une bourse d'échange qui permet aux conducteurs de gérer entre collègues les plannings pour plus de flexibilité, l'ancienneté n'est plus un critère majeur d'avancement" explique la présidente.
"Les perspectives d'évolution, peu connues, sont également mises en lumière avec la possibilité qu'un conducteur puisse facilement devenir commercial ou régulateur" poursuit-elle.
"Faites bouger les lignes"
La possibilité pour les jeunes de 18 ans de passer le permis de conduire D (au lieu de 21 ans) a également participé à mieux attirer cette population.
Mais aujourd'hui, il faut encore accélérer. Pour résorber rapidement les points noirs mais aussi pour anticiper les prochains flux massifs de voyageurs, notamment avec les Jeux olympiques de Paris l'an prochain. En résumé, il s'agit de générer un "choc d'offre" car l'inquiétude grandit.
"Nous allons devoir transporter en plein mois d'août ce que nous transportons habituellement un jour de pointe", a exposé Valérie Pécresse, la présidente de l'autorité régionale des transports, Ile-de-France Mobilités (IDFM): 9 à 10 millions de personnes, sur 25 sites olympiques, pour la plupart concentrés à Paris et en Seine-Saint-Denis.
"La filière est en ordre de marche" assure Marie-Ange Debon. Ainsi, pour la première fois, une grande campagne collective de marque employeur est actuellement lancée, elle est baptisée "Faites bouger les lignes".
L'inquiétude des JO
Le dispositif se décline avec un site: "plus qu'un site web, il s'agit d'une expérience pour connaître au mieux, par des énigmes, des mini-jeux et des vidéos, tous les métiers des transports urbains. Ce site intègre également une carte de France pour trouver les emplois et formations proches de vous" indique l'Union des Transports publics et ferroviaires qui chapeaute l'opération.
Mais aussi, "un film manifeste, une campagne sur les réseaux sociaux" et un bus spécial qui va sillonner la France dès le second semestre "pour aller à la rencontre des futurs candidats".
Pour quels objectifs quantitatifs? "Nous n'avons pas fixé d'objectifs collectifs car la situation diffère entre opérateurs" indique Marie-Ange Debon.
La RATP par exemple, en première ligne question pénurie, cherche à recruter 2700 conducteurs de bus cette année (le double par rapport à 2022), dont 2400 sur Paris et la petite couronne pour un total toutes professions confondues de 6600 recrutements. Un plan jugé "sans précédent".
Preuve que les arguments de séduction commencent à porter leurs fruits, la régie indique avoir reçu "près de 91.500 CV" en 2022.