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Abordable, international, en dernière minute… Comment le bus arrive à concurrencer le train

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Prix imbattables, réseau élargi, possibilités de réservations de dernière minute… Le transport par bus, longtemps alternative subie au train, s'ancre dans les habitudes. Et ses opérateurs alignent records de passagers et de chiffre d'affaires.

Six millions de passagers transportés en 2024, 20% de plus que l'année précédente. Et un chiffre record de 115 millions d'euros pour sa branche bus. Blablacar, qui a longtemps été davantage connu pour son activité de covoiturage voit la vie en rose. Ou plutôt en corail -de la couleur des cars floqués de son logo. Un succès partagé avec le leader incontesté Flixbus dont les chiffres de 2023 faisaient état de 81 millions de passagers transportés.

Un report sur le bus… à cause des grèves

Au départ, alternative low cost au train pour le malheureux coincé à quai suite à un mouvement de grève, ou aux sabotages de juillet comme ce fut le cas juste avant les Jeux olympiques, le bus constitue désormais une offre de transport comme les autres.

"Effectivement les grèves sont des moments de pic d'activité. Mais leur impact est à relativiser, nuance un porte-parole de Blablacar. On est désormais relativement épargnés par les grosses grèves par rapport à l'avant Covid."

Le Covid qui a mis l'activité bus à terre n'est d'ailleurs plus qu'un lointain souvenir. Les vacances de Pâques et le mois de mai, riche en ponts, promettent de faire le plein.

Un tarif imbattable au kilomètre, même en dernière minute

Au nombre des motifs de report vers le bus: le tarif du billet, qui permet un prix au kilomètre quasiment imbattable. Prenons l'exemple d'un Paris-Lyon, en dernière minute. Il en coûtera au minimum 35 euros à la SNCF contre 13,99 euros sur Blablacar. Le trajet en voiture, lui, revient à 79,62 euros en cumulant essence et péage, ce qui ne rend la voiture plus intéressante qu'avec cinq passagers au moins.

Si Blablacar met en avant un tarif moyen de 16 euros le billet, les opérateurs de bus ont également cédé aux sirènes de la tarification dynamique ou "yield management". Pour avoir le billet le moins cher, mieux vaut s'y prendre tôt. Mais le bus sourit surtout aux voyageurs les moins préparés.

"On a très souvent des places jusqu'au dernier moment, à l'inverse du train. Ce qui convient à notre public, qui réserve souvent en dernière minute", complète le porte-parole de Blablacar.

Alors certes, il faut accepter de passer plus de temps que dans un train. 1h56 en train pour notre Paris-Lyon, contre minimum 5h30 pour le bus.

Un réseau de destinations international

Propulsés par les ordonnances Macron qui ont libéralisé le secteur, les opérateurs de cars ont également parié sur l'internationalisation. Comme son concurrent allemand, qui relie Paris à Varsovie ou à Rome, Blablacar accélère son expansion et a annoncé pas moins de 1.000 nouvelles liaisons l'année dernière.

La clé de ce maillage? Une sous-traitance totale avec un réseau de partenaires qui, lorsqu'ils n'opèrent pas du longue distance, font aussi du transport touristique ou du ramassage scolaire.

Mais cette extension du réseau est à nuancer. Car les opérateurs, tout en étendant les destinations, ont surtout fait le pari de répondre au mieux à la demande. Accroître l'offre en haute saison et renforcer la fréquence sur les destinations les plus demandées est la véritable clé du succès.

Un public "moins jeune"

L'activité bus commencerait-elle à cannibaliser le covoiturage? Selon les données de la compagnie, un tiers des passagers Blablacar prennent le réseau bus contre deux tiers pour le covoiturage. La desserte dans les centre-villes a peut-être contribué à élargir la cible, rendant le transport en bus moins contraignant. Et ce, même si l'hospitalité des gares routières laisse encore à désirer.

La compagnie tricolore observe par ailleurs un public un peu moins jeune que précédemment, même "si 50% des passagers ont toujours moins de 35 ans". Des passagers qui, en arbitrant entre le train et le bus, finissent par opter pour le bus pour les longues distance. Avec un trajet de nuit et des sièges inclinables, c'est la possibilité d'arriver pour peu cher et presque en forme à destination.

Marine Landau