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Scinder ou démanteler EDF, le bras de fer entre la France et l'Europe

Le logo EDF sur une façade le 15 février 2019 à Paris

Le logo EDF sur une façade le 15 février 2019 à Paris - ALAIN JOCARD © 2019 AFP

Le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy estime que la préférence de la Commission européenne pour un démantèlement ne serait efficace ni pour les consommateurs, ni pour l'emploi.

L'issue des négociations sur l'avenir d'EDF dépend de l'attitude de la Commission européenne, dont la position "ne nous satisfait pas", a indiqué le PDG du producteur d'électricité français, dans un entretien à l'Express.

Les choses n'avancent plus beaucoup depuis la fin de l'automne, c'est vrai, mais les négociations se poursuivent toujours entre l'État et la Commission européenne. L'issue dépendra de l'attitude de cette dernière", déclare Jean-Bernard Lévy, dans le magazine publié ce mercredi.

Autour du projet Hercule

Le gouvernement français et la direction d'EDF soutiennent le projet Hercule, qui vise à réorganiser l'entreprise en trois entités pour lui donner plus de moyens: EDF Bleu avec les activités nucléaires et le réseau de transport, EDF Vert avec les activités commerciales, de distribution et les renouvelables, et enfin EDF Azur, avec les concessions hydrauliques.

Toutefois, la France insiste sur le fait qu'EDF doit rester un groupe "intégré" avec une direction et une stratégie uniques.

La réponse de la Commission ne nous satisfait pas: à ses yeux, seul un éclatement d'EDF en plusieurs entités se faisant concurrence est envisageable. Bruxelles ne raisonne ici qu'à travers ce prisme et celui de la part de marché", souligne Jean-Bernard Lévy.
Or démanteler EDF ne serait efficace ni pour les consommateurs, ni pour notre pays, son emploi et sa souveraineté, ni pour les émissions de CO2, affirme-t-il. Est-ce que la concurrence à tout va dans l'électricité a fait ses preuves en Europe après vingt ans de libéralisation? Est-ce qu'elle permet de lutter contre l'effet de serre?"

Le nucléaire, autre pierre d'achoppement

Le dirigeant de l'entreprise, détenue à près de 84% par l'Etat, a également critiqué l'attitude de Bruxelles dans la discussion sur la future "taxonomie" des investissements verts. L'intégration du nucléaire dans cette classification est notamment soutenue par la France au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, mais rejeté par l'Allemagne.

Dans ses travaux de définition des investissements durables, la Commission estime aujourd'hui que le nucléaire ne répond pas aux besoins de la planète, alors qu'il n'émet pratiquement pas de CO2, et que cette technologie est souhaitée dans de nombreux pays en Europe", souligne Jean-Bernard Lévy.
La France, et d'autres pays, notamment de l'Est, s'y opposent. Si le projet voit le jour, vous rendez-vous compte que les seules centrales nucléaires qui seront construites dans l'Europe des Vingt-Sept ne pourront l'être qu'avec des financements de banques russes, chinoises ou américaines?", prévient-il.
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco