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"On a trouvé une molécule qui peut remplacer votre sang, je veux rester en France pour la développer mais j’étouffe à cause des normes"

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TÉMOIGNAGE. Franck Zal est cofondateur d'Hemarina, une biotech située à Morlaix en Bretagne. Invité de Good Morning Business la semaine dernière, il a notamment évoqué les raisons administratives qui pourraient le pousser à quitter la France.

"C'est une société de biotechnologie marine qui a trouvé chez nos vers marins l'ancêtre de nos globules rouges. Ici, vous avez tous du sang, et nous, on a trouvé une molécule qui peut remplacer votre sang. On a trouvé une plateforme technologique révolutionnaire qui ne répond pas uniquement au domaine de l'hématologie, mais c'est l'ophtalmologie, l'oncologie, la transplantation, la cicatrisation, etc. Et aujourd'hui, c'est tellement innovant qu'on ne rentre pas dans des règles.

Le problème, c'est la réglementation. On ne soigne pas les patients du 21e siècle avec des dogmes du 20e siècle. Et on voit ce qui se passe aux États-Unis, avec OpenAI etc, quand vous allez là-bas, tout est ouvert. Et on réglemente après.

Blocages administratifs

Ces dogmes, qui sont vraiment d'un autre temps, ne sont pas adaptés du tout. Aujourd'hui, ce n'est pas une question de science, parce que la science est validée: il y a plus de 200 articles scientifiques qui montrent l'efficacité du produit. Ce n'est pas la médecine parce que les patients sont là et les médecins attendent. Ce sont les dogmes réglementaires qui posent problème.

La réglementation est un outil de souveraineté nationale. Cela permet de donner accès au marché. Mais la France n'a pas compris. Elle utilise la réglementation comme des blocages administratifs. Juste un exemple: 400.000 normes en France, 28.000 normes en Allemagne!

On a quasiment 372.000 normes qui ne servent à rien. Quand vous discutez avec des élus ou des politiques, vous leur dites 'écoutez, faites le ménage', et ils disent 'oui c'est compliqué'. Non, restons pragmatique. Essayons de réglementer de façon à ce que les patients puissent avoir accès à cette technologie.

Nouvelles normes sur les dispositifs médicaux

Les normes des dispositifs médicaux ont changé au moins cinq fois depuis 18 ans. Et à chaque fois, ce ne sont pas des dossiers de deux à trois pages mais des dossiers de 40.000 pages qu'il faut changer. Là, vous allez entendre parler de MDA, la nouvelle réglementation sur les dispositifs médicaux (à l'échelle de l'Union européenne, NDLR). Tout doit être repensé, tout doit être refait. Et d'ailleurs, il y a un député européen, Laurent Castillo, qui est en train de monter au créneau pour changer cette réglementation et simplifier l'accès aux patients.

J'étouffe, alors que je veux rester en France. Je fais le tour du monde plusieurs fois par an, et je vois ce qu'il se passe en Inde, aux États-Unis, au Moyen-Orient. Tout va très très vite. Aujourd'hui, quand on est à Roissy, on a les deux pieds dans la boue et on a envie d'y retourner.

Je fais un appel au plus haut responsable de l'État français, notamment le président de la République. Il est au courant de tout ce qu'on a découvert. J'ai écrit un livre qui s'appelle 'Le trésor sur le sable' et que je lui ai donné. J'ai discuté récemment avec son conseiller santé. Tout cela est connu au plus haut niveau de l'État et aujourd'hui, ce serait dommage qu'on parte. Et ce n'est pas une menace pour une menace."

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