Luxe: Richemont ne veut pas d'une fusion avec Kering

Alors que, selon nos informations, plusieurs fonds activistes sont entrés au capital du groupe Richemont, connu pour ses marques Cartier et Van Cleef & Arpels, avec le dessein de le pousser à un mariage avec Kering, l'actuel homme fort Johann Rupert (71 ans) continue à repousser fermement cette perspective.
A l'occasion de la publication de ses résultats, son président Johann Rupert a sèchement déclaré que "Richemont n'est pas à vendre, nous ne sommes pas intéressés par une fusion. Nous avons dit que nous ne ferions pas d'accord avec Kering".
Le groupe de luxe peut s'appuyer sur ses solides résultats pour garantir son indépendance: au premier semestre, il fait état d'un bénéfice net de 1,249 milliard d'euros, contre 159 millions un an plus tôt pour un chiffre d'affaires en hausse de 65% à 8,9 milliards d'euros.
Garder la main
Malgré tout, Johann Rupert prévoit des actions défensives afin de garder la main. Le groupe suisse a ainsi annoncé des pourparlers avec Farfetch, une plateforme de mode en ligne anglo-portugaise qui pourrait investir directement dans YNAP en tant qu'actionnaire minoritaire.
YNAP est un site de vente en ligne de produits de luxe né de la fusion en 2015 de l'italien Yoox et de Net-A-Porter, alors filiale de Richemont. Début 2018, Richemont, avait lancé une OPA sur le solde valorisant la société d'e-commerce environ 5,3 milliards d'euros, un prix jugé élevé à l'époque.
Depuis, le groupe suisse a massivement investi pour la développer mais les résultats ne sont pas encore à la hauteur, des difficultés pointées justement par les fonds activistes qui sont entrés dans le capital du groupe.
Reste désormais à savoir si ces résultats meilleurs que pévu et cette annonce seront suffisants pour convaincre Third Point et Artisan Partners de la pertinence de la gouvernence du groupe...
"Johann Rupert est inamovible, il a un caractère de cochon"
Selon Arnaud Cadart, gérant chez Flornoy, un éventuel mariage entre Richemont et Kering a néanmoins du sens. "Sur le papier c'est extraordinaire, il y a une complémentarité qui est exceptionnelle mais il y a des caractères qui sont très forts, c'est donc très loin d'être fait".
"Johann Rupert est sud-africain, il est comme un joueur de deuxième ligne de rugby, il est inamovible, il a un caractère de cochon. Il ne bouge pas pour plusieurs raisons: il a 10% des droits aux dividendes mais 50% des droits de votes donc il est chez lui, il fait ce qu'il veut. Fusionner avec Kering voudrait dire que son pouvoir dans la maison serait complètement anihilié. Il a très peu d'intérêt économique à ce stade à faire cette opération", poursuit-il.
Reste que Richemont est aujourd'hui l'une des rares cibles dans le luxe à conquérir et c'est le rêve du patron de Kering, François Pinault.
"On a des actifs qui sont de très grande qualité et il y a eu des difficultés dans le passé à pleinement les valoriser et à travailler son portefeuille. Mais ces difficultés sont aujourd'hui compensées par des performances exceptionnelles", souligne Arnaud Cadart. "Je pense que Richemont peut rester en l'état".