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Les idées chocs de la Cour des comptes pour sauver La Poste

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La Cour des comptes s'inquiète pour l'avenir de La Poste. Elle estime que les mesures de diversification pour pallier la baisse de l'activité courrier ne paient pas et elle propose des mesures chocs pour redresser la barre.

La Poste n'a toujours pas trouvé la bonne solution pour compenser l'effondrement du courrier. Cette activité ne représente plus que 15% de son chiffre d'affaires aujourd'hui, contre la moitié en 2010. À l'époque, La Poste distribuait 18 milliards de plis par an, désormais c'est six milliards, trois fois moins.

Pour compenser l'effondrement de son activité historique, La Poste a fait de très gros efforts pour se lancer dans plein de nouveaux métiers: la livraison de colis, la banque, l'assurance, la téléphonie, et les services à la personne. On peut même y passer des examens du code de la route.

Mais la Cour des comptes constate que malheureusement cette stratégie de diversification n'a pas permis de compenser le déclin du courrier. La plupart de ces nouvelles activités ne sont pas assez rentables. Il y a certes l'activité colis qui marche très bien avec l'essor de l'e-commerce. Et dans la finance, la Banque Postale a racheté CNP Assurances qui a de bons résultats.

Mais pour tout le reste, ça ne paie pas, selon la Cour. La livraison de repas et de médicaments aux personnes âgées et l'aide à domicile ne sont pas profitables. La Poste Mobile va être rachetée par Bouygues Telecom. Et sa banque en ligne Ma French Bank a fermé après seulement 4 ans d'existence.

Chute continue des bénéfices

Résultat, la situation financière de La Poste se dégrade. Le groupe fait beaucoup plus de chiffres d'affaires depuis qu'elle s'est diversifiée: 34 milliards d'euros en 2023, contre 22 milliards en 2013, soit +50% en 10 ans.

Mais comme ces nouvelles activités ne sont pas assez rentables, les bénéfices baissent. En 2022, La Poste tablait sur 2,4 milliards d'euros de bénéfices mais finalement elle en a fait deux fois moins, un peu plus d'un milliard. En 2023, le bénéfice a encore été divisé par deux, à 500 millions d'euros.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Lechypre d’affaires : Les pistes chocs de la Cour des comptes pour La Poste - 19/02
2:18

On connaîtra les résultats pour 2024 la semaine prochaine. La Poste assure qu'elle sera à nouveau bénéficiaire mais elle ne fera pas de miracles par la force des choses. Donc il y a une vraie inquiétude sur la rentabilité de l'entreprise.

Les idées chocs de la Cour des comptes

Alors la Cour des comptes propose deux mesures chocs pour réduire les coûts. Déjà livrer moins souvent le courrier. En France, le courrier est livré 6 jours sur 7. Mais c'est l'un des derniers pays européens à le faire avec une telle fréquence.

Autre idée: avoir moins de bureaux de Poste. Aujourd'hui, il y en a 17.000. Là aussi c'est beaucoup, comparé à la moyenne des autres pays européens. La Cour des comptes propose de réduire la voilure et d'en installer certains dans les maisons France Services, ces lieux où vous avez accès à beaucoup de services publics, comme les impôts, l'assurance maladie, l'Urssaf ou encore France Travail.

La Poste se défend

En réaction à ce rapport de la Cour des comptes, le PDG de La Poste Philippe Wahl a défendu la stratégie du groupe "resté profitable", dans une lettre adressée à Pierre Moscovici et que l'AFP s'est procurée mercredi.

"La Poste a réussi en dix ans une profonde transformation de son modèle d'activité" qui "l'a protégée contre la très forte baisse de ses activités traditionnelles", notamment le courrier, argue Philippe Wahl.

Pour Philippe Wahl, si le groupe "n'a pas connu d'exercice déficitaire depuis 2001" dans un contexte compliqué, c'est grâce au "modèle multi-activités résolument mis en place en France et à l'international, qui fait que, désormais, l'entreprise est repositionnée sur des activités en croissance".

Pour le patron de La Poste, il est plutôt "urgent de remédier" à la question de la sous-compensation de l'Etat "qui menace la viabilité des missions de service public et l'avenir du Groupe La Poste".

Thomas Sasportas, avec Clément Lesaffre