Attaqué par la Cour des comptes, le patron de La Poste défend sa stratégie et un groupe "profitable"

En réaction à un rapport de la Cour des comptes critiquant "la trajectoire financière" de La Poste, son PDG Philippe Wahl a défendu la stratégie du groupe "resté profitable", dans une lettre adressée à Pierre Moscovici. "La Poste a réussi en dix ans une profonde transformation de son modèle d'activité" qui "l'a protégée contre la très forte baisse de ses activités traditionnelles" et notamment le courrier, ce qui représente une perte de 6,5 milliards d'euros sur dix ans, argue Philippe Wahl dans cette réponse faite mardi au Premier président de la Cour des comptes et dont l'existence a été révélée par le quotidien Les Echos.
La Poste a dû diversifier ses activités et réalise aujourd'hui plus de 50% de son chiffre d'affaires grâce au colis (contre 28% seulement en 2013), mais doit toujours assurer ses quatre missions de service public : la distribution du courrier, celle de la presse, l'aménagement du territoire et l'accessibilité bancaire. En octobre, Philippe Wahl avait déploré la "sous-compensation" de ces missions, à hauteur de "plus d'un milliard (d'euros) chaque année".
Pas "d'exercice déficitaire depuis 2001"
Lundi, dans son rapport publié sur son site, la Cour des Comptes pointait la "dégradation de la situation financière de La Poste due à une nouvelle baisse des métiers historiques et à une rentabilité insuffisante des activités de diversification". Cette publication est intervenue une dizaine de jours avant la publication des résultats annuels de La Poste prévue jeudi 27 février. Le rapport de la Cour des comptes porte sur les exercices financiers de 2019 à 2023.
"Après une année 2023 ayant révélé les fragilités du modèle du groupe, avec une division par deux de son résultat net, (...) la révision de sa trajectoire financière apparaît encore insuffisante pour constituer une base solide à l'horizon 2030", juge l'institution.
Celle-ci recommande notamment "d'adapter les missions de service public au recul de leur usage et à leur utilité réelle (...) et en ajustant leur compensation à hauteur du déficit comptable qui en résulte". Elle plaide aussi pour "un état des lieux complet des nouveaux services de proximité et organiser la cession des activités les moins rentables ou non stratégiques".
Mais pour Philippe Wahl, si le groupe "n'a pas connu d'exercice déficitaire depuis 2001" dans un contexte compliqué, c'est grâce au "modèle multi-activités résolument mis en place en France et à l'international, qui fait que, désormais, l'entreprise est repositionnée sur des activités en croissance". Pour le patron de La Poste, il est plutôt "urgent de remédier" à la question de la sous-compensation de l'État "qui menace la viabilité des missions de service public et l'avenir du Groupe La Poste".