L’ouverture du capital du Club Med est à l’arrêt

Fosun a-t-il renoncé à ouvrir le capital du Club Med? Depuis plusieurs semaines, la question se pose dans l’esprit de tous les protagonistes du dossier. Le propriétaire chinois envisageait de vendre 30% du capital du spécialiste des villages de vacances. Fin septembre, il a changé sa gouvernance et depuis, le processus est à l’arrêt.
"Fosun avance puis temporise, raconte une source proche du dossier. On ne comprend pas ce qu’il veut."
Jusqu’ici, l’ouverture du capital était assumée. Désormais, leurs porte-paroles se murent dans un silence qui traduit ces hésitations.
Au point que les prétendants se découragent. L’un des deux candidats, le fonds CVC a "jeté l’éponge" nous assure un proche du dossier. En revanche, le fonds souverain de Singapour, Temasek, "est toujours là" estime une autre source, avec sa filiale CapitalLand, comme l’avait révélé BFM Business.
Bpifrance en attente
Tout comme Bpifrance qui s’impatiente aussi. La banque publique est prête à prendre une part minoritaire mais demande un siège au conseil d’administration du Club Med pour assurer son ancrage français. Elle adopterait le même schéma que pour Opella, la filiale de Sanofi en cours de cession, qui détient le Doliprane. Le patron du Club, Henri Giscard d’Estaing, a réitéré son souhait d’accueillir Bpifrance lors de son entretient avec la nouvelle ministre déléguée au tourisme, Marina Ferrari, mi-novembre.
"Beaucoup de monde nous demande d’investir, confirme une source proche des pouvoirs publics français. Mais les Chinois ne se décident pas."
"Il n’y a pas de consensus au sommet de Fosun, décrypte une source proche du Club Med. Certains préfèrent du cash mais d’autres ne veulent pas partager le pouvoir." Xu Xiaoliang, le président de Fosun Tourism Group, branche dans laquelle est logée le Club, semble plus attaché à conserver seul la main sur la gouvernance. Les dirigeants du conglomérat, eux, voulaient remonter 600 millions d’euros de cash pour alléger leur immense dette de 29 milliards de dollars. Une goutte d’eau…
Un successeur chinois à Henri Giscard d’Estaing?
Fosun temporise sur tout. Au mois de septembre, il a fait évoluer la gouvernance du Club Med sans écarter Henri Giscard d’Estaing, mais en l’entourant de trois directeurs généraux délégués. L’un d’eux, Andrew Xu, est cité comme favori pour diriger le Club alors que la succession de son emblématique patron, âgé de 68 ans, est dans tous les esprits. De nationalité chinoise, il est chez Fosun depuis 20 ans et avait mené son entrée au capital du Club Med en prenant 10% du capital, en 2010.
"Il a le double avantage d’avoir développé le Club en Chine et d’être apprécié d’Henri Giscard d’Estaing", résume un proche du groupe.
Lundi, le conglomérat a annoncé la nomination de l’ancien patron de La Banque Postale, Philippe Heim, comme co-directeur financier. Il est en poste depuis mi-novembre, ce qui explique aussi que l’ouverture du capital du Club Med soit à l’arrêt, le temps qu’il prenne en main le dossier.
Dès hier, le cours de Bourse de Fosun Tourism Group, la filiale qui dépend essentiellement du Club Med, a bondi de 8%. Les marchés semblent parier sur une restructuration financière forte de la dette du groupe chinois plutôt qu’une vente du groupe français.