INFO BFM BUSINESS. Nouvelle offensive du chinois Fosun pour écarter le patron du Club Med

Les jours qui viennent seront décisifs au Club Med. À la fin du mois, son propriétaire Fosun doit réunir le conseil d’administration pour avancer sur deux orientations stratégiques majeures. D’abord, l’ouverture du capital qui prévoit de vendre 30% du groupe de tourisme. Selon nos informations, un nouveau candidat est sur les rangs: CapitalLand, un fonds d’investissement spécialisé dans l’immobilier et basé à Singapour. Le fonds souverain Temasek en est d’ailleurs son actionnaire à 40%.
En interne, il est perçu comme le favori de Fosun alors que le patron du Club Med, Henri Giscard d’Estaing, privilégie l’offre rivale du fonds CVC allié à BPI France. Une manœuvre maligne du propriétaire du Club Med car Temasek est apprécié en France. Au mois d’avril, il a ouvert un bureau à Paris, inauguré par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Et il a investi dans quelques start-ups françaises comme Manomano ou Pasqal aux côtés de… BPI France.
Le rôle clé de BPI France
Certains se demandent si la banque publique pourrait rejoindre le fonds singapourien s’il était choisi par Fosun, pour calmer le jeu. Car derrière cette ouverture du capital se joue le bras de fer entre Henri Giscard d’Estaing et son propriétaire chinois. Il est mis à l’écart de cette opération qui est gérée par la banque d’affaires Bank of America Merrill Lynch depuis Hong Kong.
Depuis plusieurs mois, Fosun veut reprendre en main la gestion du Club Med. Il a déjà écarté le numéro deux, Michel Wolfovski, comme l’a révélé BFM Business. Et selon plusieurs sources proches du dossier, le conglomérat chinois prépare une nouvelle offensive. Un conseil d’administration doit se réunir à la fin du mois au cours duquel un projet de refonte de la gouvernance du Club devrait être présenté. Il aurait dû être voté lors de la précédente réunion, fin juillet. Mais l’administrateur indépendant, Georges Pauget, s’y était opposé, avant de démissionner suite au départ de Michel Wolfovski.
Retirer les pouvoirs d'Henri Giscard d'Estaing
Ce projet prévoit de transférer au conseil d’administration du Club Med la plupart des fonctions opérationnelles qui sont aujourd’hui entre les mains d’Henri Giscard d’Estaing.
"C’est une manière de vider son poste de ses pouvoirs pour le marginaliser encore plus", explique un de ses proches.
Les décisions seraient alors prises par les comités de nomination, d’investissement et stratégiques du conseil d’administration. Contactées, les directions du Club Med et de Fosun n’ont pas souhaité commenter nos informations.
L’emblématique président du Club Med lutte pour conserver son poste et ses pouvoirs. "Chacun doit être à sa place, ça a très bien fonctionné depuis dix ans avec Fosun", estime un autre défenseur d’Henri Giscard d’Estaing qui ajoute: "concentrer les pouvoirs n’est pas très cohérent avec l’ouverture du capital à un investisseur". Même minoritaire, Temasek ou un autre demandera inévitablement des droits sur la gouvernance et des vetos sur les décisions stratégiques.
Celui qui dirige "le Club" depuis 23 ans tente de s’appuyer sur ses réseaux politiques pour défendre sa place. Mais il peine à mobiliser des soutiens à cause de la situation politique depuis trois mois. "Ça va bagarrer fort ces prochaines semaines, promet un proche du dossier. Mais quand un patron bataille contre son actionnaire, il perd."