Victime du changement climatique et des maladies: pourquoi le prix de la banane risque bien d'augmenter

La banane, qui concurrence la première place des fruits préférés des Français avec la pomme, connaît des difficultés de production au niveau mondial. D’après Les Echos ses exportations baissent. Elles sont passées à moins de 20 millions de tonnes exportées par an depuis 2022, alors que la production globale est de 80 millions de tonnes par an.
Les raisons expliquant ces difficultés d'approvisionnement sont multiples: aléas climatiques, maladies, hausse des coûts de production...
Le climat : une "menace énorme pour le secteur"
Le changement climatique constitue une "menace énorme pour le secteur bananier", affirme Pascal Liu, économiste principal au Forum mondial de la banane, à Sciences et Vie.
Les illustrations sont malheureusement nombreuses des impacts climatiques sur la production de la banane. L’Afrique, par exemple, représente 42% des apports. Mais le continent est confronté à des difficultés climatiques dues aux sécheresses.
En Amérique centrale, les ouragans ont dévasté des bananeraies. Selon FruitTrop: le passage du cyclone ETA et de l'ouragan IOTA auraient détruit environ 10.000 hectares de bananeraies en Amérique centrale. Dans le canal de Panama, le niveau d’eau est trop faible, obligeant les bateaux à passer par le Cap de Bonne-Espérance, affectant les délais de livraison.
Les maladies perturbent la production
Les maladies touchant la banane expliquent aussi les difficultés de production au niveau mondial. La Martinique et la Guadeloupe représentent 19% des apports en France selon Les Echos. La cercosporiose, un champignon, est venu perturber les rendements des 8.130 hectares de bananeraies locales.
La Fusarium Wilt TR4, une infection fongique, menace aussi les plantations de bananes. La variété de bananes Cavendish qui est la plus achetée au monde, y est confrontée. Le risque de transmission de la maladie est accentué par les changements climatiques.
Hausse des coûts depuis la guerre en Ukraine
Par ailleurs, la hausse des coûts comme celui de la logistique et des fertilisants qui ont explosé depuis la guerre en Ukraine, conduisent certains producteurs de bananes en Équateur à stopper leur production. L’emballage et l’énergie aussi ont connu des hausses impactant la production.
Le secteur de la banane est aussi confronté à un nouveau défi: celui de produire une banane durable. Couverts végétaux, fauche mécanique remplaçant les herbicides…. Les producteurs diversifient leurs méthodes de production. Mais cela a un coût.
Le défi d'une banane plus "durable"
Nicolas Marraud Des Grottes, résident de l’Union des groupements des producteurs de bananes de Guadeloupe et de Martinique (UGPBAN) explique à Ouest France qu’en Martinique et Guadeloupe, "l’usage des phytos a été réduit de 83 % depuis 2008 et le premier plan "banane durable". On n’utilise plus d’insecticide, d’herbicide ou nématicide".
Mais ceci augmente les coûts, avec une production qui s'élève à 1.600 euros par tonne contre 500 à 600 euros par tonne en Afrique ou Amérique du Sud.
Afin de continuer à pouvoir faire concurrence aux pays "low cost" la filière demande une revalorisation des aides européennes pour l’agriculture Outre-Mer ainsi que l'adoption de nouvelles techniques génomiques.
En France, la banane a de plus en plus de succès
A contrario, le marché de la banane en France est en pleine croissance. D’après les échos, il est estimé à 1,5 milliard d’euros. Les achats en volume auraient augmenté de 6 % depuis 2020 confie Véronique Le Bail, déléguée générale de l’AIB aux Echos.
En effet, la banane attire : outre ces qualités nutritionnelles, elle est moins chère que les autres fruits, avec que moyenne d’1,86 euro par kilo contre 3 euros pour les autres fruits.
En conséquence, le prix de la banane risque d'augmenter.
Pour Pascal Liu, économiste principal au Forum mondial de la banane, à Sciences et Vie, si l'offre de bananes n'augmente pas de manière significative, les prix resteront élevés dans les années à venir: "Il y aura effectivement des augmentations de prix. S'il n'y a pas une augmentation majeure de l'offre, je prévois que les prix des bananes resteront relativement élevés dans les années à venir".