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Néonicotinoïdes: le conseil d'État refuse toute dérogation à l’interdiction européenne

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Le gouvernement avait accordé des dérogations provisoires sur ce pesticide, citant la protection des cultures d'infestations massives de pucerons porteurs de maladies.

Le Conseil d'État français a jugé mercredi illégales les dérogations pour l'utilisation de
néonicotinoïdes pour la culture de betteraves sucrières qui avaient été temporairement accordées en 2021 et 2022.

"Aucune dérogation n’est en effet possible si la Commission européenne a formellement interdit un pesticide", a indiqué le Conseil dans un communiqué.

L'UE a interdit depuis 2018 l'usage en plein champ, pour toutes les cultures, de trois néonicotinoïdes (clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride), accusés d'accélérer le déclin massif des colonies d'abeilles.

Décision contradictoire

Saisie par la justice belge après des recours contre des dérogations prises en Belgique, la CJUE a estimé qu'aucune dérogation concernant les semences traitées aux néonicotinoïdes n'était justifiée, y compris dans les circonstances exceptionnelles invoquées pour protéger les betteraves sucrières.

En France, le Parlement avait autorisé fin 2020 le retour temporaire de deux néonicotinoïdes pour voler au secours de la filière betteravière dont les rendements avaient été drastiquement réduits par la jaunisse, une maladie virale transmise par le puceron vert.

Des dérogations avaient été accordées par arrêté ministériel le 5 février 2021 puis le 31 janvier 2022 et le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau s'était dit favorable à une nouvelle dérogation pour 2023, avant que la décision de la CJUE ne signe la fin de l'usage des néonicotinoïdes partout en Europe et donc en France - où ils étaient uniquement utilisés en enrobage des semences pour des cultures en plein champ.

Plusieurs syndicats agricoles, associations environnementales et d'apiculteurs avaient immédiatement attaqué ces arrêtés de 2021 et 2022. Ils avaient été déboutés par le Conseil d'État qui jugeait alors en référé (en urgence) que les dérogations, prises "le temps que d'autres solutions soient trouvées pour protéger les cultures", étaient conformes au droit européen.

Dans une décision rendue au fond sur les mêmes arrêtés, le Conseil d'État rend mercredi la décision contraire, se fondant sur l'arrêt de la CJUE.

OC avec AFP