Le plus grand réseau RER frontalier d'Europe s'ouvre entre la France et la Suisse

Le Léman Express reliant Annemasse à Genève entre en service le 15 décembre. Son offre voyageurs de type RER pour Genève et ses zones limitrophes, facilitera les trajets quotidiens des travailleurs frontaliers venus de France et utilisant principalement les routes aujourd'hui saturées. Son lancement a pour toile de fond la grève à la SNCF.

Le dimanche 15 décembre, au petit matin, le Léman Express a transporté ses premiers passagers entre la France et la Suisse, en dépit de la grève de la SNCF, côté Français, qui risquait de perturber cette inauguration et les fréquences de train prévues pour la semaine qui débute le 16 décembre. Ce trajet ferroviaire transfrontière est rendu possible grâce à la nouvelle liaison CEVA (Cornavin–Eaux-Vives–Annemasse), soit 16 km de voies ferrées nouvelles entre la France et la Suisse.

Ce réseau RER accueillera chaque jour 50.000 voyageurs sur les 240 trains qui circuleront jusqu’à 60 km autour de Genève et d’Annemasse, autour du lac Léman et dans les vallées françaises au sud de Genève, une région totalisant plus d’un million d’habitants. Il est présenté comme le plus grand réseau ferroviaire régional transfrontalier d’Europe et devrait grandement faciliter les trajets des frontaliers venus de France pour travailler en Suisse.

Une filiale franco-suisse exploite le réseau Léman Express

Cette voie de 16 km, enterrée sur la plus grande portion de son trajet, aura coûté 1,56 milliard de francs suisses (1,42 milliard d'euros) pour la partie suisse et 335 millions d'euros pour la petite partie (2,5 kilomètres) en territoire français. Le réseau ferré transfrontalier est exploité par Lémanis, filiale conjointe de CFF (chemins de fer fédéraux suisses, qui la détiennent à 60%) et de la SNCF (40%), le personnel de ces deux opérateurs pilotant les trains, chacun sur son territoire.

La flotte du Léman Express est composée de 23 rames FLIRT du constructeur suisse Stadler et de 17 rames Régiolis du constructeur français Alstom. Côté suisse, les CFF ont financé les 23 rames à hauteur de 236 millions de francs suisses. Côté français, c’est la région Auvergne- Rhône- Alpes qui a financé les 17 rames Régiolis à hauteur de 210 millions d’euros. Chaque rame de 72 mètres transporte jusqu’à 204 voyageurs assis à une vitesse maximale de 140 km/h. Elles peuvent fonctionner avec les deux électrifications présentes sur le réseau ferré franco-suisse.

Le nouveau RER transfrontalier franco-suisse a pour vocation première de faciliter les déplacements des travailleurs frontaliers français effectuant l'aller et retour quotidiennement entre Genève et la Haute-Savoie. Ce territoire forme un ensemble d'un million d'habitants et où 80% des déplacements s'effectuent actuellement en voiture.

Les chercheurs de l‘École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), qui ont interrogé 2100 personnes, ont constaté que l'image des transports publics sur ce territoire est marquée par leur relative lenteur, qui semble être l'élément le plus dissuasif cité par cet échantillon. "L'arrivée du Léman Express devrait permettre de considérablement améliorer cette image" constatait cette étude.

Mais le revers de la médaille, vu du côté français, tient au renforcement de l'attractivité de la Suisse pour les travailleurs frontaliers que va induire la mise en service du Léman Express. Les responsables économiques locaux s'inquiètent que l'amélioration des transports dans le Genèvois puisse accroître encore la concurrence suisse qui tarit le réservoir de main d'oeuvre qualifiée de la région avec ses salaires très élevés.

Frédéric Bergé