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Le joli sans faute de Ben Smith, le patron canadien d'Air France-KLM

Depuis son arrivée aux commandes d'Air France-KLM en septembre, Ben Smith a fait preuve d'une grande discrétion, favorisant les contacts direct avec le personnel.

Depuis son arrivée aux commandes d'Air France-KLM en septembre, Ben Smith a fait preuve d'une grande discrétion, favorisant les contacts direct avec le personnel. - Air France

Aux commandes depuis septembre, Benjamin Smith a fait baisser la tension au sein de la compagnie française en signant plusieurs accords sociaux. Il a géré sans casse la fin de Joon. Il lui reste à réussir le repositionnement commercial d'Air France dont il veut faire une marque réellement haut de gamme.

Benjamin Smith est-il en train de réussir là où ses ses prédécesseurs se sont cassé les dents? Resté très discret depuis sa prise de fonctions le 17 septembre à la tête d'Air France-KLM, l'ancien numéro 2 d'Air Canada n'a guère chômé depuis quatre mois. Et son bilan est déjà très positif.

Professionnel reconnu de l'aérien, le nouveau patron canadien est arrivé aux commandes d'une compagnie en plain désarroi. Engluée dans un long conflit social lui ayant coûté 335 millions d'euros, Air France restait marquée par le départ en mai 2018 de Jean-Marc Janaillac, à la tête du groupe.

La nomination du premier non-européen à ce poste, vue au départ d'un très mauvais oeil par le SNPL, syndicat majoritaire des pilotes d'Air France, a laissé place à une courte période d'observation, vite conclue un mois plus tard par un premier et fort signe d'apaisement social. Retour sur quatre mois émaillés de la signature de plusieurs accords sociaux, de décisions fortes et de premiers résultats encourageants...

19 octobre 2018

Un mois après l'arrivée de Benjamin Smith, un accord inter-catégoriel a été conclu comprenant une hausse générale des salaires rétroactive de 2% à compter du 1er janvier 2018, puis une autre revalorisation de 2% à partir du 1er janvier 2019. Cet accord majoritaire a reçu le soutien unanime des trois syndicats représentatifs des PNC d'Air France, SNPNC, l'UNAC, et l'UNSA-PN, forts de 76% des suffrages lors des dernières élections du personnel. Il met fin à un conflit qui a durement pénalisé la compagnie française: quinze journées de grève, entre février et mai 2018, à l'appel de l'intersyndicale d'Air France qui entendait ainsi obtenir un rattrapage générale des salaires.

12 décembre 2018

Ben Smith nomme Anne Rigail à la tête d'Air France. C'est la première fois qu'une femme prend les commandes de la compagnie française. Elle a pour mission d'établir un dialogue social fructueux, notamment avec les pilotes, et d'améliorer la qualité de service. Un domaine qu'elle connaît bien puisqu'elle était précédemment directrice générale adjointe... en charge de l'expérience client d'Air France.

9 janvier 2019

Le groupe franco-néerlandais a franchi pour la première fois en 2018 le seuil symbolique des 100 millions de passagers transportés, contre 98,7 millions en 2017. L'activité passagers totale d'Air France, KLM, HOP! et Transavia a progressé de 2,8% en 2018.

10 janvier 2019

Benjamin Smith met fin à Joon, une compagnie créé en 2017 pour réduire les coûts de fonctionnement et séduire, dans un esprit décalé, une clientèle plus jeune. L'annonce est bien perçue à l'interne. Les 600 personnels navigants commerciaux (PNC) vont en effet être réintégré dans les effectifs d'Air France où ils bénéficieront de meilleures conditions sociales. Dans la foulée, il complète l'accord récent signé avec le personnel navigant commercial (PNC) en ajoutant des dispositions sur leurs conditions de travail.

11 janvier 2019

 Air France a signé avec les syndicats un accord salarial pour ses personnels au sol portant sur l'année 2019 et comprenant notamment "des augmentations individuelles de 1,8%". L'accord a été signé par les syndicats représentatifs, CFDT, CFE-CGC, FO et Unsa aérien.

24 janvier 2019

Le Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL), majoritaire parmi les pilotes d'Air France, se prononce en faveur d'une consultation d'ici mi-février, de l'ensemble des pilotes sur un projet d'accord sur la rémunération et l'organisation du travail. Les négociations ouvertes en novembre avec les pilotes d'Air France, sur leurs conditions de travail et leur rémunération, se font avec la nouvelle équipe élue en décembre à la tête du SNPL Air France.

Enfin, Ben Smith a terminé la rédaction de son plan de redressement de la compagnie. Un document très attendu dans un contexte de forte concurrence de ses rivaux européens traditionnels Lufthansa et IAG, des compagnies du Golfe et des low-cost qui s'attaquent au long-courrier. Dans un courriel adressé aux salariés, il leur a donné la primeur des grands axes de sa stratégie. Benjamin Smith place en tête de ses priorités une stratégie orientée sur le segment haut de gamme et "l'optimisation de la maintenance" des avions.

"Les clients Premium sont les plus convoités par l'ensemble des compagnies (...) nous choisissons de nous recentrer sur ce segment de clientèle", estime Benjamin Smith dans son message écrit. D'une certaine façon, il entend (re)faire d'AIr France, une marque porteuse des valeurs du luxe que les étrangers associent naturellement à la France. Cela suppose d'investir dans la modernisation de ce qu'on appelle dans le jargon, la "cabine avant" des avions: Première, Business, et Premium Economy, fréquentée par des clients prêts à payer bien plus cher leurs voyages. Une stratégie censée améliorer la rentabilité d'Air France puisque la réduction de l'écart sur ce point avec son partenaire KLM est devenu l'un des objectifs prioritaires pour 2019.

Frédéric Bergé