La SNCF se prépare à supprimer son service Autotrain

Faute de rentabilité, la compagnie ferroviaire compterait arrêter fin décembre son service permettant aux voyageurs de transporter leur voiture sur un train de nuit spécial. Autotrain dessert aujourd'hui six destinations au départ de Paris.

Après les trains de nuit, c'est au tour d'Autotrain d'être sur la sellette. Pour épargner aux voyageurs de longues heures de conduite, la SNCF avait lancé il y a 60 ans ce service qui achemine le véhicule par train de nuit sur certaines destinations. Et selon des informations du Parisien, la compagnie ferroviaire n'offrira plus ce service en 2020. La date de départ du dernier Autotrain a même été fixée. Ce sera le 14 décembre 2019. Interrogée par le quotidien, la SNCF ne dément ni ne confirme, assurant juste que la réflexion est en cours. 

L'entreprise ferroviaire est confrontée à un problème de rentabilité : Autotrain n'attire qu'une clientèle de niche, plutôt âgée (plus de 60 ans) et résidant principalement à Paris ou dans les Hauts-de-Seine. Les clients professionnels, comme les loueurs de voitures, ne représentent que 4% du chiffre d’affaires généré par ce service.

Deux fois moins de voitures transportées en deux ans

"Il faudrait atteindre un taux de remplissage de l’ordre de 85% tout en menant simultanément une forte hausse tarifaire pour justifier la pertinence d’un train", explique l'entreprise dans le document interne qu'a pu consulter Le Parisien. Or le taux de remplissage enregistré l'année dernière était de 68%. Et deux clients sur trois considèrent que le service est déjà trop cher. Au final, Autrotrain a enregistré une perte de 6 millions d'euros l'année dernière.

Pourtant, la SNCF avait décidé de réduire la voilure, en passant de treize à six destinations il y a deux ans. Depuis Paris-Bercy, Autotrain dessert les gares d'Avignon (Vaucluse), Marseille (Bouches-du-Rhône), Toulon (Var), Fréjus (Var), Nice (Alpes-Maritimes). Le nombre de voitures transportées est ainsi passé de 62.000 en 2016 à 33.500 en 2018.

L'arrêt de ce service se traduirait par la suppression de 33 postes de cheminots, qui seront reclassés. Ce sont surtout les sous-traitants qui vont en faire les frais.

Un non sens à l'heure de la transition écologique

Les soutiens au service sont nombreux du côté des syndicats et des usagers. "Tout a été fait pour tuer les Autotrain, alors qu’on y avait des solutions. Pourquoi appliquer pour faire circuler ces trains le tarif des péages voyageurs plus chers que celui du fret? En plein débat sur la transition écologique, la suppression de ce service est un non-sens. Et une fois qu’Autotrain sera supprimé on ne pourra plus revenir en arrière" met en garde Fabien Villedieu, de SUD-Rail. "La SNCF supprime un service qui apportait du confort et de la sécurité à ses clients, déclare Jean Lenoir, le vice-président de la FNAUT (Fédération nationale des associations d’usagers des transports).

Mais la SNCF a d'autres priorités: la disparition d’Autotrain permettra de dégager de la place pour d’autres activités, peut on lire dans son document interne.

Coralie Cathelinais