L'invasion russe menace-t-elle le contrat ukrainien d'Alstom?

Alstom fait partie des grandes entreprises françaises présentes en Russie et en Ukraine. Depuis le début du conflit, l'industriel souligne que son exposition dans ces deux pays est faible.
Le groupe nous expliquait ainsi que "le chiffre d’affaires d’Alstom en Russie représente moins de 0,5% du chiffre d’affaires consolidé du groupe. La situation est similaire pour l’Ukraine, avec des ventes négligeables".
Un argument qui ne semble pas convaincre les investisseurs puisqu'en bourse, le titre dévisse de plus de 30% depuis le début de l'invasion russe, au plus bas depuis 10 ans.
Et la perspective de la perte d'un gros contrat en Ukraine ne devrait pas contribuer à rassurer. La société devait en effet signer, dans les jours à venir, un contrat d'un montant de 880 millions d'euros pour la fourniture de 130 locomotives double, des services de maintenance pendant 40 ans et un carnet de commandes rempli jusqu'en 2030 pour l'usine de Belfort.
"Beaucoup trop tôt pour spéculer"
Ce contrat ne verra problablement jamais le jour et l'usine de Belfort se retrouve aujourd'hui sans débouché pour occuper la totalité de son personnel. Rappelons que l'usine de Belfort s'est spécialisée ds les locomotives à fret lourd, appréciés des pays de l'est. Elle produit également les TGV du futur (le TGVM), mais cela ne l'occupe qu'à 50% de ses capacités.
Si rien n'a encore été acté du côté de la direction, les syndicats ne se font guère d'illusion sur l'issue de ce contrat ukrainien.
"C'est quelque chose qu'on avait jamais connu, la visibilité dans notre métier c'est 3, 4, 5 ans, là jusquà la fin de la décennie c'était pratiquement inespéré", explique André Farges délégué syndical. En anticipation du projet, 30 ingénieurs du bureau d'études travaillaient déja à temps plein.
Interrogée par BFM Business, Alstom estime que rien n'est joué. "Il est encore beaucoup trop tôt pour spéculer sur d'éventuels impacts industriels ou commerciaux (que ce soit à Belfort ou ailleurs). Malheureusement, nous ne ferons aucun autre commentaire pour le moment", indique un porte-parole.
Le groupe ajoute que sa priorité est "la sécurité de nos 40 employés ukrainiens et de leurs familles. Une équipe dédiée a été mise en place pour gérer la situation dès le début du conflit, en prenant des mesures appropriées pour soutenir au mieux nos employés et leurs familles affectés par cette crise".