Dieselgate: le patron de Volkswagen savait-il tout avant que le scandale éclate?

- - Odd ANDERSEN / AFP
Depuis l’éclatement du scandale du DieselGate, à l’automne 2015, les dirigeants du groupe allemand ont toujours nié avoir été au courant du trucage du logiciel qui permettait de passer les tests de pollution des autorités américaines. Selon Der Spiegel, Martin Winterkorn, ex patron démissionnaire, et son successeur, Herbert Diess, à l’époque patron de BMW, ont été prévenus de la fraude deux mois avant que le scandale soit dévoilé le 15 septembre.
L’hebdomadaire se base sur des documents du parquet de Braunschweig qui n’avaient jamais été dévoilés jusque-là. Quatre salariés du groupe auraient déclaré que le trucage aurait été abordé lors d’une réunion à laquelle assistaient les deux dirigeants en juillet 2015. Il était question d’élaborer une stratégie pour obtenir l’agrément de l’EPA, l'Agence américaine de protection de l'environnement, qui menaçait de pas accorder les certificats nécessaires en raison des taux élevés d’émissions polluantes.
Les investisseurs ont-ils été informés avant que le scandale n'éclate?
"Lors de la réunion, environ une douzaine de responsables ont discuté pendant une demi-heure des principaux aspects du logiciel de commutation illégal", rapporte l’hebdomadaire qui dévoile que sur la présentation projetée "l'étendue de l'arnaque américaine aurait dû être visible". Après la réunion, "les copies distribuées aux participants ont été récupérées pour des raisons de sécurité", mais Diess et Winterkorn en auraient gardé une copie, malgré la mise en garde d’un salarié du groupe présent, selon Der Spiegel. Ont-ils informé des investisseurs avant que le scandale -qui a couté au constructeur 27 milliards d’euros- n’éclate?
Contacté par Reuters, Volkswagen affirme avoir informé les investisseurs le 22 septembre. Quant au témoignages qui mettent en cause les deux dirigeants, le groupe estime que "le contenu des discussions, auxquelles Martin Winterkorn et Herbert Diess ont participé, ne peut être totalement reconstitué car les souvenirs des personnes présentes varient partiellement". Il rappelle enfin que "l'objectif de cette réunion du 27 juillet 2015 n'était pas de déterminer si Volkswagen avait enfreint la réglementation américaine, mais d'établir comment les nouveaux modèles pourraient obtenir l'agrément de circulation de l'EPA".
Enfin, dès le 31 juillet 2015, Volkswagen a engagé un cabinet d'avocats pour l’aider à comprendre les problèmes réglementaires auxquels il était confronté. A l'époque, les avocats n'étaient pas convaincus que le logiciel utilisé pouvait être qualifié de "système de trucage", explique Volkswagen.