Avec sa constellation de satellites, Jeff Bezos intensifie sa "guerre des étoiles" avec Elon Musk

Amazon va envoyer des satellites dans l'espace avec des fusées. - Amazon
Si tout se déroule comme prévu, le lanceur Atlas V de United Launch Alliance (ULA) décollera dans la nuit de lundi à mardi à 01h00 (heure française) de Cap Canaveral, en Floride, pour mettre en orbite basse les 27 premiers satellites de la constellation Kuiper – avec l'objectif d'en lancer plus de 3.200 au total.
Des conditions météorologiques défavorables avaient empêché le lancement le 9 avril dernier.
Internet très haut-débit
Le service devrait être mis en route courant 2025. Son coût est encore inconnu mais devrait toutefois être "accessible", selon Amazon, qui veut conserver la recette qui a fait son succès: les prix cassés.
Le fondateur d'Amazon Jeff Bezos cherche ainsi à concurrencer Elon Musk sur ce segment, alors que Starlink disposerait à l'heure actuelle de plus de 6.500 satellites en orbite.
Avec sa constellation Starlink, l'homme le plus riche du monde domine le marché en plein essor de l'internet par satellites et dispose d'une bonne longueur d'avance, comme dans le domaine des fusées où Jeff Bezos et lui se font concurrence.
Une nuée de satellites en orbite
Mis en route il y a déjà plusieurs années, Starlink a réussi dans la nuit de dimanche à lundi son 250ème lancement et dispose de plus de 6.750 satellites en orbite.
Ses services ont notamment été déployés sur des terrains touchés par des catastrophes naturelles, comme en septembre 2023 lors d'un séisme au Maroc, en janvier cette année après les incendies à Los Angeles mais aussi sur le front en Ukraine.
Contrairement aux services de télécommunication satellitaire traditionnels, qui reposent sur des engins moins nombreux mais plus grands et situés à plus de 35.000 km de la Terre, ceux proposés par Elon Musk et bientôt Jeff Bezos fonctionnent en orbite basse, ce qui leur permet des échanges de données bien plus rapides.
Leur architecture - des satellites communiquant au sol avec de petites antennes mobiles - permet aussi de couvrir des zones où "le coût, la complexité et la géographie" rendent "difficile l'installation de solutions de connectivité traditionnelles basées au sol", explique Amazon.
Amazon indique avoir sécurisé "plus de 80 lancements" pour déployer cette constellation, notamment par le biais des lanceurs d'Arianespace, Blue Origin ou encore… SpaceX, la société d'Elon Musk.
Ces milliers de satellites seront progressivement répartis sur l'orbite terrestre basse, un espace déjà occupé par les engins de Starlink et ceux d'un nombre grandissant d'acteurs, dont l'opérateur européen Eutelsat, qui a fusionné en 2023 avec OneWeb, ou encore la Chine avec sa constellation Guowang.
Une concurrence amenée à croître et qui présente nombre d'enjeux, notamment en matière de sécurité. Cette multitude d'engins fait ainsi craindre un encombrement de l'orbite terrestre basse et de possibles collisions, mais aussi des perturbations des observations astronomiques.
Elle soulève également des questions de souveraineté. En la matière, le rôle politique accru joué par Elon Musk, devenu premier conseiller de Donald Trump, a récemment relancé les débats sur la nécessité de ne pas laisser l'espace aux seules mains d'acteurs privés.
Tourisme spatial
Outre l'accès à Internet via le projet Kuiper, Jeff Bezos tente de faire sa place sur le créneau du tourisme spatial, avec sa société Blue Origin. A bord de la capsule New Shepard, des passagers (riches) triés sur le volet peuvent s'offrir quelques instants en apesanteur à environ 100 kilomètres d'altitude – à la frontière de l'espace. Le premier vol touristique a eu lieu en juillet 2021, le plus récent, qui signe la 11ème mission habitée, à la mi-avril.
New Shepard a également été utilisé pour mener des expériences scientifiques, notamment par la Nasa.
Retourner sur la Lune
Blue Origin multiplie les projets spatiaux. Jeff Bezos avait présenté en 2019 un alunisseur, baptisé New Moon, pour participer aux efforts de retour sur la Lune. L'engin spatial a été sélectionné par la Nasa en 2023 dans le cadre de la mission Artemis 5, qui prévoit de transporter des astronautes sur la Lune à l'horizon 2029.
Le défi du lanceur réutilisable
Blue Origin poursuit également le projet de lanceur lourd réutilisable New Glenn, toujours dans l'optique de rattraper son retard sur SpaceX. Si le vol inaugural de la fusée a bien eu lieu en janvier dernier, en revanche, la récupération du premier étage a en revanche échoué.