"Projet Kuiper": Amazon lance sa propre constellation de satellites pour rivaliser avec Elon Musk

Amazon s'invite dans la course à l'Internet spatial. Après des années de retard, le géant américain du e-commerce s'apprête à lancer les premiers satellites de sa constellation Kuiper, espérant concurrencer Starlink, le réseau déjà ultradominant d'Elon Musk.
Cette mission nommée "Kuiper Atlas 1" prévoit le lancement de 27 satellites via une fusée Atlas V du groupe United Launch Alliance (ULA), derrière lequel on retrouve Boeing et Lockheed Martin, qui avait déjà assuré à l'automne 2023 le lancement de deux prototypes de satellites. Le décollage est prévu ce lundi 28 avril à 19 heure locale (mardi 29 avril à 01h00 heure de France métropolitaine) depuis la base spatiale de Cap Canaveral, en Floride. Initialement programmé au mercredi 9 avril, il avait été reporté à la dernière minute en raison de mauvaises conditions météorologiques.
Ces satellites seront lancés à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de la Terre pour y poser les premiers jalons de la constellation "Projet Kuiper", qui doit compter plus de 3.200 satellites à terme. Avec ce réseau de satellites opérant en orbite basse, Amazon ambitionne de proposer un accès internet à très haut débit à des particuliers, entreprises et acteurs gouvernementaux partout sur Terre, y compris dans des zones reculées. Le service devrait être mis en route courant 2025, mais son coût n'a pas encore été dévoilé par Amazon, qui a toutefois promis un service à prix cassés.
Sans nul doute, une telle promesse rappelle celle d'Elon Musk. Avec sa constellation Starlink, le patron de Tesla et SpaceX a toutefois pris une (large) longueur d'avance sur Jeff Bezos. Parti quelques années plus tôt, Elon Musk domine ce marché de l'Internet spatial en plein essor: Starlink assure disposer aujourd'hui de plus de 6.750 satellites en orbite et revendique plus de 5 millions d'abonnés. Starlink a déjà fait ses preuves sur le terrain lors de catastrophes naturelles, notamment lors du récent séisme au Maroc ou des incendies de Los Angeles, mais aussi sur le front en Ukraine.
Nette avance pour Starlink
SpaceX maîtrise en effet toute la filière, en particulier les fusées avec sa Falcon 9 qui enchaîne les lancements à un rythme soutenu. Du côté d'Amazon, qui affiche zéro abonné à l'heure actuelle, tout reste à faire. Il a fallu développer ses propres satellites, construire une usine géante près de Seattle et mettre en place une chaîne logistique complète. Pour les lancements, le nerf de la guerre, Amazon frappe à toutes les portes: la fusée Vulcan de ULA, qui doit décoller cette nuit, Ariane 6 en Europe, New Glenn chez Blue Origin – l’autre société de Jeff Bezos – et même quelques vols avec SpaceX.
Pour rattraper son retard sur la concurrence, Amazon compte multiplier dans les prochains mois et années ses lancements de satellites, avec plus 80 vols commandés. Il n'y a pas de temps à perdre: le groupe de Jeff Bezos doit mettre la moitié de sa constellation en orbite d’ici mi-2026, et la totalité d'ici 2029, faute de quoi sa licence d'exploitation accordée par la Commission fédérale des communications (FCC) pourrait être révoquée.