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Alstom accuse Bombardier de "manquements" depuis la vente de ses activités ferroviaires au Français

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L'industriel français a déposé une demande d'arbitrage devant la Chambre de commerce internationale accusant l'ancien propriétaire de Bombardier Transport de "manquement à certaines dispositions contractuelles".

"Nous avions dit que nous étions capables de mener à bien l'intégration de Bombardier qui n'allait pas bien", expliquait en janvier dernier Henri Poupart-Lafarge, PDG d'Alstom sur BFM Business.

Mais visiblement, cette intégration connaît encore quelques difficultés. Alstom a ainsi annoncé mardi avoir déposé une demande d'arbitrage devant la Chambre de commerce internationale, accusant Bombardier Inc. de "manquement à certaines dispositions contractuelles".

"La demande est dirigée contre Bombardier Inc., et porte sur le manquement à certaines dispositions contractuelles de l'accord de vente (de Bombardier Transport, NDLR) en date du 16 septembre 2020", a indiqué Alstom dans un bref communiqué.

Bombardier va se défendre "avec vigueur"

"Les procédures d'arbitrage étant confidentielles, Alstom ne fera pas d'autres commentaires pendant cette procédure" poursuit le groupe.

Ce qui n'est pas le cas du groupe canadien. "Bombardier a des raisons légitimes de se défendre contre la réclamation d'Alstom et elle a l'intention de le faire avec vigueur", a réagi le groupe canadien, disant avoir "aussi l'intention de contester" certains ajustements du prix de vente qui "s'est avéré moins élevé que les estimations précédentes".

Il avait déjà fait état lors de la vente de "désaccords entre les parties relativement à certains ajustements", précisant alors qu'il entendait les contester.

Bombardier Transport avait finalement été acquis pour 5,5 milliards d'euros le 29 janvier 2021, contre 5,8 à 6,2 milliards d'euros avancés un an plus tôt. Pour Alstom, ce rabais est la juste conséquence de nombreux contrats mal exécutés par le canadien qui ont dû être repris et retravaillés par le Français en offrant par exemple des rabais aux clients afin de "redresser" l'activité de son acquisition.

"On règle les problèmes les uns après les autres. Il n'y a pas de miracles, il faut prendre chacun des sujets et les régler un par un, trouver la solution, la mettre en place", expliquait Henri Poupart-Lafarge.

Le groupe estimait en effet que ces nombreux contrats passés par Bombardier Transport avant l'opération étaient susceptibles de générer des pertes importantes. La direction avait passé près de 1,1 milliard d'euros de provisions pour les risques associés à ces contrats.

Des contrats à reprendre

D'ailleurs, l'intégration de Bombardier Transport a conduit le constructeur ferroviaire à publier en janvier une perte de 26 millions d'euros au premier semestre de son exercice décalé 2021/22.

Alstom estime que ces contrats non-rentables hérités de Bombardier représentaient 1,29 milliard d'euros au premier semestre, et confirme qu'ils devraient encore peser sur les comptes pendant deux ou trois ans. De quoi décevoir les investisseurs. Bombardier Transport était bien moins rentable que son acquéreur avant l'opération.

Cette nouvelle procédure engagée par Alstom qui risque de prendre des années ne devrait pas favoriser le cours de bourse de l'industriel, malmené depuis l'annonce de ce rachat. Sur un an, l'action de l'industriel a plongé de 53,79% (-31,9% depuis le 1er janvier), une chute également précipitée par l'exposotion d'Alstom en Russie.

Une chute d'autant plus paradoxale que l'industriel ne cesse de signer d'importants contrats avec de nombreux opérateurs de transports ferroviaires sur la planète.

Olivier Chicheportiche avec AFP