Alstom: carnet de commandes au plus haut mais l'intégration de Bombardier pèse

L'intégration de Bombardier Transport a conduit le constructeur ferroviaire Alstom à publier mercredi une perte au premier semestre de son exercice décalé 2021/22, mais le groupe a dû brûler moins de cash que prévu et a rassuré les analystes.
Le PDG du groupe français Henri Poupart-Lafarge avait prévenu en juillet qu'il lui faudrait trois ans pour digérer son concurrent canadien bien moins rentable, acheté fin janvier. Les marchés avaient peu apprécié, quand bien même il promettait "une rentabilité parmi les meilleures du marché" d'ici à 2025.
La perte nette part du groupe au premier semestre (avril-septembre) atteint 26 millions d'euros en raison d'amortissements liés à l'acquisition de Bombardier. Alstom (seul) avait dégagé un bénéfice net de 170 millions d'euros au premier semestre 2020/21.
Accélération des ventes
S'il n'en est pas tenu compte, le résultat net ajusté est en hausse de 2,4% à 172 millions d'euros, selon les calculs de la direction.
Le résultat d'exploitation ajusté est en hausse de 27,4% à 335 millions d'euros. D'où une marge de 4,5% contre 7,5% un an plus tôt, "impactée par les ventes du carnet de commandes non performant et par l'accélération progressive des ventes au cours de l'année".
Comme annoncé, les flux de trésorerie ont été négatifs, de presque 1,5 milliard d'euros sur le semestre (soit moins que prévu). Mais Alstom avait prévenu en juillet qu'il devrait brûler davantage de cash, entre 1,6 et 1,9 milliard d'euros.
Le chiffre d'affaires est en hausse de 112% à 7,443 milliards d'euros du fait notamment de l'acquisition de Bombardier Transport, la progression se limitant à 14% en intégrant les ventes de ce dernier un an plus tôt.
Marge restaurée
Alstom estime que les contrats hérités de Bombardier sur lesquels le groupe perd de l'argent représentaient 1,29 milliard d'euros au premier semestre, et confirme qu'ils devraient encore peser sur les comptes pendant deux ou trois ans. Bombardier Transport était bien moins rentable que son acquéreur avant l'opération.
Les prises de commandes, indicateur clef du secteur, ont été multipliées par 3,7 par rapport à l'ancien périmètre d'Alstom à 9,726 milliards d'euros, la hausse atteignant 81% pro forma.
"Les nouvelles commandes démontrent un bon niveau de rentabilité tandis que les commandes problématiques du carnet de Bombardier Transportation sont exécutées sur une base accéléré", a commenté le groupe, dont le carnet de commandes se montait à 76,4 milliards d'euros au 30 septembre.
Jugeant ces résultats conformes au plan de marche détaillé en juillet, M. Poupart-Lafarge a loué mercredi "le profil renforcé du groupe", qui "(tire) parti de l'accélération de la dynamique" d'un marché qui a rebondi après la pause du confinement du printemps 2020.
"L'intégration de Bombardier Transport (...) est sur les rails", et "le groupe est maintenant fermement engagé dans l'amélioration continue de sa trajectoire financière", a-t-il souligné, cité dans un communiqué.
Une action en baisse de 25% depuis le début de l'année
Sur l'ensemble de l'exercice 2021/22 --hors perturbations de l'économie mondiale ou pénuries significatives dans la chaîne d'approvisionnement--, Alstom prévoit un ratio commandes sur chiffre d'affaires supérieur à 1, une progression des ventes du premier au second semestre, une hausse du résultat d'exploitation et des flux de trésorerie redevenus positifs.
Les perspectives à moyen terme exposées en juillet sont confirmées, avec notamment une restauration de la marge opérationnelle ajustée, qu'Alstom envisage entre 8 et 10% à partir de 2024/25.
L'action Alstom a été passablement malmenée cette année, avec une première chute lors de la finalisation de l'acquisition de Bombardier Transport en janvier, puis une deuxième en juillet lorsque la direction a dit qu'il lui faudrait trois ans pour la digérer. Le titre a ainsi perdu 20% entre le 5 et le 19 juillet. Depuis le 1er janvier, il accuse encore une baisse de 25% , dans un marché qui a pris près de 27%.