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"Ils n'ont pas envie de rester ou de venir ici": Donald Trump est-il vraiment un "repoussoir" pour les start-up qui rêvent de Silicon Valley?

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Le président de la French Tech San Francisco voit depuis 30 ans des entrepreneurs français s'installer en Californie. Mais le retour de Donald Trump crispe les entrepreneurs avec des retours en France qui se multiplient. Pour autant, tant que le business se fera là-bas, la parenthèse pourrait vite se refermer.

Donald Trump assombrit le rêve de Silicon Valley des entrepreneurs français. Depuis des décennies, la région berceau de la tech aux États-Unis attire les entrepreneurs français qui espèrent y faire carrière ou attirer l'oeil de Meta, OpenAI, Netflix, Microsoft et les autres géants avec leur start-up. Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche a jeté un froid sur les ambitions des entrepreneurs tricolores.

"Malheureusement, ça ne facilite pas les choses", regrette Reza Malekzadeh, président de la French Tech San Francisco, au micro de Tech&Co et BFM Business.

"Le premier problème aujourd'hui, c'est la problématique des visas parce qu'en fait, les États-Unis ont quand même une immigration assez compliquée. Et donc, même un entrepreneur qui veut venir a besoin d'un visa. Il y a plein de types de visas disponibles. Mais aujourd'hui, ça devient de plus en plus dur d'en avoir un."

"L'administration fait beaucoup d'excès de zèle", déplore le représentant local de la French Tech.
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"Il y a eu pas mal de retours en France"

Mais pour Reza Malekzadeh, lui-même entrepreneur installé depuis 30 ans en Californie, le problème est désormais plus profond qu'un simple zèle administratif.

"J'ai vu récemment des gens qui, juste philosophiquement, n'ont [ni] envie de rester [ni] de venir ici parce qu'ils pensent que ça ne correspond plus à un environnement dans lequel ils ont envie de vivre."

"Ces gens vont peut-être attendre avant de revenir ici que l'administration potentiellement change ou aller dans d'autres pays", estime le président de la French Tech San Francisco.

"Il y a eu pas mal de retours en France", note-t-il avant de nuancer: "il faut prendre en compte les problématiques familiales, on est loin de la France et au bout d'un moment certains veulent rentrer".

Le succès de la Sillicon Valley a été en grande partie bâti ces dernières année par des étrangers venus aux Etats-Unis. Les Sergey Brin et Sundar Pichai (Google), Jensen Huang (Nvidia), Elon Musk (Tesla, SpaceX...), Satya Nadella (Micorsoft), Dara Khosrowshahi (Uber) ou encore Eric Yuan (Zoom) sont les figures les plus connues de ces talents de l'extérieur.

Les talents suivront l'argent

Face à ce moindre attrait, l'Europe peut-elle tirer son épingle du jeu? Il faudrait pour cela que le business et l'écosytème soit bien plus puissants sur le Vieux continent.

"Nous avons d'excellentes startups ici, mais le problème est de les faire croître, explique ainsi dans Quartz Padraig Nolan, membre du conseil consultatif de l'Europe Startup Nations Alliance. Les plus performantes déménagent encore souvent aux États-Unis, où les levées de fonds sont plus importantes et où les perspectives de croissance sont plus claires."

Trump ou pas, les talents iront là où il y aura l'argent et les perspectives de croissance. Or l'Europe n'a pas réglé les problèmes structurels qui l'handicapent dans l'univers du numérique: à savoir un marché fragmenté et un échec chronique à aider les startups à se développer.

Les jeunes entreprises restent encore trop dépendantes aux prêts bancaires pour se financeret les marchés du capital-risque et du capital-investissement restent des nains à côté de ceux de l'autre côté de l'Atlantique.

"Si les fonds de pension européens investissaient dans nos propres start-up au lieu d'envoyer 90% de cet argent à l'étranger, cela changerait la donne, estime Padraig Nolan. Mais pour l'instant, nous n'en sommes pas encore là."

Ce que confirme le président de la French Tech San Francisco.

"L'attrait de la Silicon Valley reste, reconnait Reza Malekzadeh, il y a toujours un solde positif de nouveaux qui arrivent, mais ce solde n'est pas toujours constant parce que là aujourd'hui c'est un peu plus difficile d'avoir un visa et puis il y a des gens qui n'ont pas envie de venir tout de suite."

Clément Lesaffre avec Mélinda Davan-Soulas