Prix de l’énergie : Ursula von der Leyen ouvre la porte à un découplage gaz-électricité

La présidente de la Commission européenne accuse Moscou d'être à l'origine de la hausse des prix du gaz.

Alors que les tarifs s'envolent, l'Europe fait un pas vers un nouveau système de fixation des prix de l'énergie. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, en visite en Estonie, s’est montrée ce mardi claire sur la possibilité de dissocier les cours du gaz et de l'électricité.

"Nous devons examiner la possibilité de découpler le marché, car nous disposons d'une énergie beaucoup moins chère, comme les énergies renouvelables", a-t-elle asséné.

L'énergie sera au cœur des discussions du prochain sommet européen (21-22 octobre). "À court terme, nous discuterons de la manière de traiter le stockage, une réserve stratégique, et nous examinerons la composition globale des prix du marché de l'électricité, car si les prix de l'électricité sont élevés, c'est en raison des prix élevés du gaz", a estimé von der Leyen.

Moscou dans le viseur

Elle n’a pas fait de mystère sur les responsables de la hausse des prix. Alors que la demande est en hausse sur le marché européen, certains producteurs ne suivent pas. "Nous sommes très reconnaissants à la Norvège d'augmenter sa production, mais cela ne semble pas être le cas en Russie", a-t-elle déclaré.

Moscou a décidé en septembre de limiter ses livraisons pour tirer les prix à la hausse. Le Kremlin se justifie en expliquant que la mise en service du gazoduc Nord Stream 2 devrait permettre de rééquilibrer les prix.

Pressions franco-espagnoles

La Commission ouvre pour la première fois la voie à une réforme du marché unique européen, qui lie les prix de l’électricité européenne au prix du gaz. Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, avait jugé "aberrant" ce couplage, jeudi dernier dans un courrier à l’Eurogroupe. La France veut dénouer le lien entre les deux énergies, pour profiter des prix offerts par le nucléaire.

Elle peut miser sur des alliés sur ce dossier : l’Espagne, en pointe sur le vert, avec 20% d’éolien et près de 40% de renouvelables au total, veut aussi cesser de dépendre du prix du gaz. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, plaide notamment pour des achats groupés de gaz au niveau européen.

En attendant une décision bruxelloise sur la question, Jean Castex a décidé d’un "bouclier tarifaire", qui permettra de bloquer les prix du gaz, plafonnant ceux de l’électricité. Le tarif règlementé du gaz a augmenté de 12,6% au 1er octobre, selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE).

Valentin Grille