Objectifs de production, soutien financier... l'Etat revoit sa stratégie pour la filière hydrogène

La filière hydrogène a besoin d'un nouveau souffle en France. Cinq ans après la publication de la première "stratégie hydrogène" qui mettait sur la table 9 milliards d'euros, le gouvernement vient d'en publier une mise à jour alors que les industriels du secteur subissent un "trou d'air" et que de nombreux projets sont retardés ou n'ont pas vu le jour.
Depuis 2020, plus de 150 projets ont déjà été soutenus et aboutiront à la création de 8.000 emplois directs d'ici la fin de la décennie grâce, entre autres, à l'installation d'usines de production d'hydrogène à Fos-sur-Mer, dans la Vallée de la Chimie et autour du Havre-Estuaire de la Seine.
Dans un communiqué, le gouvernement évoque d'autres projets déjà déployés comme les gigafactories d'électrolyseurs, de piles à combustible ou de réservoirs. Il mentionne aussi "de premières productions d'hydrogène pour différents usages industriels" comme les projets "Green Horizon" de Lhyfe et Yara pour l'ammoniac ou encore celui plus notoire de "Masshylia" porté par Totalenergies et Engie pour la raffinerie.
Cependant, l'exécutif indique que "la mise en oeuvre des solutions de réduction des émissions de dioxyde de carbone par l'hydrogène prend du temps" en raison d'une "maturité technologique et économique" progressive et à cause de la concurrence d'autres modes de décarbonation.
S'inspirer de la loi sur l'accélération des énergies renouvelables
C'est ce constat qui incite l'Etat à revoir sa copie aujourd'hui. Tout d'abord, la nouvelle stratégie ramène les objectifs d'installation d'électrolyse à hauteur de 4,5 GW pour 2030 et de 8 GW en 2035 contre respectivement 6,5 et 10 GW auparavant. Elle souhaite poursuivre le déploiement d'infrastructures de transport de l'hydrogène bas-carbone au sein de hubs dédiés, notamment les trois sites mentionnés plus haut, à travers "le développement d'un réseau 'intra-hubs' pour connecter producteurs et consommateurs". A l'instar de la loi sur l'accélération des énergies renouvelables, le gouvernement souhaite également simplifier le cadre réglementaire pour faciliter l'essor de la filière et des projets industriels.
Pour s'engager dans ces nouvelles orientations, la production d'hydrogène bas-carbone va bénéficier d'un mécanisme de soutien de 4 milliards d'euros qui lui permettra de "sécuriser sur 15 ans sa compétitivité par rapport à l'hydrogène fossile." L'appel à projet "Briques Technologiques de l'Hydrogène IDH2" est quant à lui relancé tandis qu'un nouveau spécifiquement consacré au déploiement des véhicules utilitaires hydrogène a d'ores et déjà été annoncé :
"A travers un soutien à l’achat de véhicules utilitaires légers en 2025, il s’agit de favoriser le développement technologique de piles à combustible et des réservoirs", précise le gouvernement dans son communiqué.
Enfin, des mesures de soutien sont prévues pour financer les études des projets de carburants de synthèse afin de faire émerge "d'ici 2030 des premières productions industrielles" pour les secteurs aérien et maritime.