La France a "besoin du nucléaire et des énergies renouvelables", assure le régulateur de l'énergie

Le champ d'éoliennes en mer Block Island Wind Farm le 14 octobre 2016 - DON EMMERT © 2019 AFP
Le débat se cristallise autour de la question de l'énergie. Pour les uns, il faudrait favoriser le nucléaire, une énergie décarbonée mais polluante, quand pour les autres, il faudrait miser sur le 100% renouvelable. Le président de la Commission de régulation de l'énergie, Jean-François Carenco, appelle à utiliser les deux, dans une interview accordée aux Echos publiée ce jeudi.
La France s'est engagée à atteindre la "neutralité carbone" en 2050. Plusieurs scénarios sont possibles, mais l'Hexagone a globalement deux options: le remplacement de ses réacteurs nucléaires et un complément renouvelable, ou une production électrique qui repose principalement sur ces dernières.
Pour Jean-François Carenco, miser sur le "100% nucléaire n'est pas sérieux", car "nous ne sommes pas en capacité de construire 62 gigawatts [la puissance du parc français, NDLR] de nucléaire, que ce soit pour des raisons industrielles, mais aussi d'acceptabilité."
"Sur le plan économique, les énergies renouvelables atteignent aussi le même niveau de prix que l'électricité nucléaire historique. On aurait tort de s'en priver. Il nous faut donc doucement baisser la part du nucléaire et trouver des substituts", assure le président de la Commission de régulation de l'énergie.
Miser sur le solaire et sur l'éolien
Surtout que la consommation d'électricité va s'envoler puisque dans les années à venir, le chauffage et le transport seront décarbonés.
"Il nous faut du nucléaire et des énergies renouvelables. Opposer les deux est soit un mensonge, soit de la bêtise, soit de la malveillance", tranche Jean-François Carenco.
Concernant les énergies renouvelables, toutes ne se valent pas. "L'hydrogène est aujourd'hui hors de prix", tout comme l'hydrolien, et "on ne disposera pas assez de gaz vert pour décarboner le gaz et produire de l'électricité", affirme-t-il. Selon lui, il faut donc miser sur le solaire et sur l'éolien.
"Le solaire est bon marché, mais prend beaucoup de place: pour construire l'équivalent d'un réacteur nucléaire EPR, il faudrait disposer des panneaux photovoltaïques sur l'équivalent de 7500 terrains de football!", détaille Jean-François Carenco, qui explique que "le solaire ne suffira pas seul".
"Il nous faut donc absolument développer l'éolien. La France a cinq fois moins d'éoliennes au kilomètre carré que l'Allemagne et 3,3 fois moins que le Danemark. Il y a encore de la place. Il faut que chacun fasse un effort", tance le régulateur de l'énergie.