Clim à 25°, moins de chauffage l’hiver: comment l'UE se prépare à appliquer une certaine sobriété énergétique

Des lois "thermostat" vont être prises dans plusieurs pays d'Europe. - dr
La Russie va-t-elle utiliser l'énergie comme moyen de pression contre les pays européens alliés de l'Ukraine? Mercredi, le géant gazier russe Gazprom a annoncé qu'il ne pourra pas garantir le bon fonctionnement du gazoduc Nord Stream, qui alimente l'Europe. Ces déclarations interviennent alors que ce gazoduc est déjà à l'arrêt pour dix jours pour des raisons de maintenance.
Pas de climatisation en-dessous de 25 degrés
Pour faire face à ces menaces, la Commission européenne a appelé les pays de l'Union européenne à prendre des mesures de sobriété énergétique. Et ce, dès à présent. Elle demande aux Etats membres de limiter le chauffage à 19 degrés et la climatisation à 25 degrés dans les bâtiments publics selon un projet de texte consulté par l'AFP.
Bruxelles demande aussi aux 27 pays de l'UE de faire connaitre d'ici les jours qui viennent les mesures qu'ils prendront pour réduire la consommation européenne de gaz de l'ordre de 25 à 60 milliards de m3. Quelque 11 milliards de m3 proviendraient des réductions de chauffage ou de refroidissement des bâtiments, entre 4 et 40 milliards de m3 seraient économisés sur la demande gazière pour la production d'électricité, et environ 10 à 11 milliards sur la demande industrielle, déjà en baisse face à la flambée des cours. Le plan demande aux Etats d'adopter des restrictions contraignantes de chauffage et de climatisation dans les bâtiments publics.
Les lois "thermostat"
Ces propositions de Bruxelles seront au coeur d'une réunion des ministres européens de l'Energie le 26 juillet à Bruxelles. Mais déjà, quelques pays européens ont dévoilé des mesures d'économie.
Lors de son interview du 14-Juillet, le chef de l'Etat a invité les Français et les entreprises à moins consommer. Un plan sera présenté fin septembre après deux points d'étape fin juillet et début septembre. L'objectif est de réduire de 10% notre consommation énergétique (électricité, gaz, carburants) d'ici 2024.
Fortement dépendante du gaz russe, l'Allemagne est en état d'alerte. Le Bundestag a adopté un plan d'économie: plus de chauffage au-dessus de 20 degrés l'hiver et plus d'eau chaude dans les bureaux individuels, par exemple.
L'Italie, qui importe chaque année 29 milliards de m3 de gaz russe, a lancé une loi obligeant de régler l'air conditionné entre 25 et 27 degrés maximum l'été et les radiateurs à 21 degrés maximum cet hiver. Ces mesures qui ne concernent pour le moment que les lieux publics doivent faire économiser 4 milliards de m3 de gaz. Le gouvernement italiens tente de sensibiliser la population a faire de même, sans pour le moment lui imposer de se soumettre à cette loi thermostat.
Le retour au charbon
Certaines mesures ne vont cependant pas dans le sens de l'écologie. Dans plusieurs pays d'Europe, les centrales à charbon risquent de tourner plein pot pour faire face à de possibles coupures de gaz. L'Allemagne, mais aussi la France, l'Espagne, les Pays Bas ou l'Autriche ont d'ores et déjà annoncé que les fermetures programmées pour réduire les émissions de CO2 sont remises en cause.
En Allemagne, les centrales à charbon, qui devaient être fermées cette année et en 2023, participeront au marché de l'électricité tant que le pays sera en niveau 2 (sur 3), dit "d'alarme", de son plan d'urgence sur l'approvisionnement en gaz. Cette réglementation, qui entrera en vigueur une fois approuvée par le cabinet cette semaine, devrait couvrir environ 1% de la consommation de gaz de l'Allemagne.
Les Pays-Bas ont anticipé les pénuries de gaz dès le mois de juin en levant les restrictions de production des centrales à charbon jusqu'en 2024. Elles pourront ainsi fonctionner à pleine capacité au lieu d'être limitée à 35%. L'Autriche a également annoncé le mois dernier le redémarrage de la centrale de Mellach, dans le sud du pays, pour faire face à une situation d'urgence.
